Le groupe allemand a vu le jour en 2003, et suite au succès rencontré sur les scènes locales, ils enregistrent leur première complainte PRISONWORLD en 2005. Un petit frère en 2006 AUTUMTALES. Ces deux galettes ressortiront de façon conjointe en 2010 sous un intitulé sobre THE FIRST CHAPTERS. En 2010, troisième opus PARANOID CIRCUS. Sur toute cette période, le groupe a mélangé des influences gothiques avec un Metal plus symphonique sans négliger d’y apporter des touches folk. Bref, si vous rechercher du gros rouge teuton qui tache, il faudrait penser à changer de route.
Oublions l’intro vite digérée, une mélodie quasi inaudible et un chant plus soufflé que parlé. Puis c’est un gros riff et une rythmique carré qui lance la plage titulaire. Le chant donne un air un rien new-wave au démarrage. Mais pas de panique, le titre a tôt fait de s’envoler radicalement vers des contrées plus riches en minerais de fer. La voix de la chanteuse Jessica Thierjung s’impose franchement pour notre plus grand plaisir. En moins d’une minute, le groupe fait disparaître les doutes nés à l’ouverture. Et on se laisse emporter par un côté un rien symphonique.
Première grosse surprise, sans prévenir, ce sont des mélodies et sonorités royalement folk qui nous balancent une gigue non dénuée de personnalité metallique dans les pavillons. Et voilà que les pieds se mettent à battre la mesure pendant qu’on cherche à cogner sa choppe contre celle d’un autre buveur de l’auberge. Les émotions de Parting, ça donne soif. Toujours traitreusement, tel le malandrin tapi dans l’ombre, le sextette enchaîne avec un radicalement plus gothique et metallique Voices In My Head. Et toujours cette voix royale qui prend possession de nos sens et nous envole.
Une accalmie acoustique nous ouvre The Road Not Taken plage qui s’engouffre dans une sympathique mélodie que n’aurait pas renié KATE BUSH (non, ce n’est pas du Metal, et rien à voir avec l’ex-chanteur d’ANTHRAX ou le nullissime président du même patronyme). Le violoncelle se retrouve plus à l’avant plan avant une volée d’énergie non dénue d’un certain charme. On appelle cela du talent.
Le contraste de la voix avec le riff carré des gratteurs Olivier Thierjung et Tim Sonnenstuhl, soutenu par la rythmique bétonnée du duo Steffen Feldmann basse / Marcus Fidorra batterie, a tôt fait de s’imposer. Jouant ainsi les montagnes russes, la plage oscille entre légères respirations et descentes hallucinées à toute vitesse. A cela vous ajouter la touche symphoniques des instruments classiques (violon et violoncelle) et vous obtenez une leçon de savoir vivre, de savoir faire et de composition.
Le violon se fait encore plus royal (et prend la première place) sur Aus Der Tiefe qui comme vous vous en doutez se décline en allemand. Ceci ne signifie pas que les musiciens font de la simple figuration à côté, le titre déménage un max. Magique. Le groupe poursuit dans sa langue pour une ballade, avec mélange de voix féminine et chant masculin de Thomas Lindner (SCHANDMAUL) pour un duo magnifique dans des sonorités Goethéennes. La montée d’adrénaline est assurée lorsque les instruments de lâchent dans de déferlements contenus et parfaitement dosés d’énergie.
Du carré et du costaud dès les premières mesures de Side By Side. Alors qu’on a l’impression de n’avoir droit à rien de neuf, voilà que le groupe nous agrémente l’énergie par des parties de violoncelle puis fait prendre un virage classique au tire où seule restent la batterie et le violon pour accompagner la voix. Le tout pour mieux repartir sur les chapeaux de roues. La plage ne dure que trois minutes mais quel bonheur.
L’album se clôture par une envolée gothique mélancolique Repentance qui a pourtant tôt fait de faire monter la température. A nouveau, les variations entre les instruments se combinent avec les modulations de la voix de la chanteuse.
Les esprits chagrins pourraient se plaindre de la durée minimale de LEVERAGE, mais mieux vaut une durée réduite qu’une galette qui s’étire et qu’on n’a aucune envie de réécouter, ici la limitation dans le temps devient une qualité puisqu’on peut facilement se rincer encore et encore l’oreille sans s’en lasser. Alors oui, les amateurs de guitaristes virtuoses qui étirent leurs solos autant que leurs cordes resteront sur leur faim, ce qui prouve aussi, ce que d’aucun regretteront, que l’instrument mis en exergue est la voix de la gente dame et non point les cordes des grattes (et accessoirement les doigts qui les chatouillent). Mais au bout du compte, les multiples variations, tant au sein des plages, qu’au niveau de l’album, nous donnent une pièce maîtresse qui vaut assurément le détour. Dans un univers hyper saturé de groupes avec chanteuses, LYRIEL possède une personnalité qui lui permettra peut-être de se démarquer, c’est d’ailleurs tout le mal qu’on lui souhaite. Ce quatrième album est une preuve éclatante d’une santé resplendissante, quelle classe.
Mr Spok