Il est parfois des reformations ou des réunions qui laissent baba. Ainsi donc comme un cadeau de Noël, Kai Hansen et Michael Kiske remettent le couvert comme au temps béni du KEEPER OF THE SEVENTH KEY de la bande aux citrouilles. Mais pour les plus jeunes qui débarquent sur la planète hurlante, ça remonte un peu à la préhistoire du Speed Metal. Quoi qu’il en soit ce sont les deux Métalleux susnommés, et leur acolyte de l’époque Michael Weikath, qui ont lancé le mouvement. Un mouvement qui ne s’est depuis lors pas arrêté pour notre plus grand bonheur. Alors à cette annonce, on frétille, on remet les vestes à patches, les bracelets à clous, on retire la chemise-cravate et on regrette d’être passé chez le coiffeur, même s’il ne reste plus grand-chose sur le sommet, on refait des trous dans les jeans (une taille voir deux au-dessus car on a pris du poids) et on dépose soigneusement l’aiguille sur le vinyle … heu, non, on appuie sur « play » du lecteur mp3. Le présent, c’est moins sexy quand même.
Les premières mesures de la plage titulaire et du nom du groupe retentissent dans nos oreilles et c’est la claque magistrale. Rien de neuf sous le soleil, mais qu’est ce que ça fait du bien. Si le temps n’avait pas défilé depuis les années ’80, on crierait au génie. Ici, on a affaire à une compilation de clichés, mais on crie quand même au génie. Les guitares de Kai et de Mandy Meyer (qui fut un temps chez GOTTHARD et KROKUS) sont déchaînées, la basse de Denis Ward et la batterie de Kosta Zafirio se décarcassent à fond pour ne pas nous laisser indifférents. Non seulement le titre tient magnifiquement la route, on le retient dès la première écoute, mais en plus il respire la joie de vivre et déborde d’énergie. Il regorge de riffs qui déménagent et arrachent à fond, tandis que la voix invite par-dessus-tout à l’optimisme, au headbang, à la fête quoi. Bref, par les temps qui courent, ce morceau est un antidépresseur qui devrait être prescrit à toute la population.
La suite s’avère donc logiquement décevante, car il n’est point aisé de succéder à une telle claque. Bref, la tension retombe avec Souls Alive. Non pas que le titre soit mauvais, mais par rapport à la cavalcade qui précède, il fait plutôt pâle figure. Petite consolation, le solo vient balayer notre indifférence et nous réveille in brin. Le Never Too Late qui suit nous plonge dans un l’univers musical du punk-pop rock anglais des années ’70. Plutôt sympathique comme titre mais pas trop convainquant et relativement incongru. Ce qui permet à la sauce conventionnelle de I’ve Tried de mieux prendre mais de justesse. Le titre est juste bon. Le Star Rider qui suit brille heureusement par un chouette solo, bien court cependant. Pour le reste, ça manque de fureur, le Never Change Me navigue dans les mêmes eaux que Never Too Late et là aussi, seul le solo nous sort de notre torpeur.
Renegades remet un peu le Metal à l’ordre du jour mais, malgré de magnifiques envoles des guitares, le mélange passage lent et morceaux de bravoure n’arrive pas à vraiment sauver les meubles. La nervosité de Sanctuary et la maîtrise des guitares nous titille enfin tous les sens. Et ça continue avec le riff carré et la rythmique heavy de King For A Day. Enfin, avec un passage vraiment speed lors du solo, l’album semble démarrer mais on est aux trois quarts. Le We Rise souffre un peu trop des ressemblances caractéristiques avec du HELLOWEEN mais au moins le rythme plus rapide permet à l’auditeur de rester éveiller. Passons sur la plage préparation au sommeil qu’est la ballade No One Ever Sees Me. Cet album rencontre deux problèmes majeurs. Le premier est le coup du d’éclat du premier morceau, plage titulaire extraordinaire. Le second tient à son aspect hyper conventionnel et sans surprise. Bon c’est clair qu’on n’est pas en présence d’une réunion improbable du type Hansen et Marylin Manson, ou Kiske et Dave Mustaine. Car passé la claque de la bombe Unisonic, aucun titre n’arrive à prendre la relève et relancer la machine. Donc, après une mise en appétit plus que réussie, on s’ennuie ferme. A croire que tout est dit dans le nom du groupe UNISONIC : une chanson et puis c’est tout. On cherche désespérément d’autres titres vraiment speed qui réveille ces mêmes sensations. Jamais mauvais mais pas de quoi en faire un fromage. On range la veste à patches, et on réenfile sa chemise-cravate. Grosse déception directement proportionnelle à nos incommensurables expectations, donc.
Mr Spok