Trente ans d’existence au cours desquelles les musiciens ont survécu aux changements de modes (qui se souvient du Grunge ?), ont résisté face aux styles plus extrêmes qui ont fini par émerger (Death et Black), ont dédaigné le mépris de la télévision et des médias en général pour le Metal, et ont surmonté le découragement et tous les évènements du type « Spinal Tap » qui ont pu leur tomber sur le crâne.
Mais quand on a de la suite dans les idées, qu’on surfe sur une motivation à déplacer des montagnes, qu’on refuse de laisser tomber les bras (et les instruments), au bout du compte, on se retrouve encore là à aligner les riffs. Donc respect et recueillement devant cette double bible de l’Etoile de l’Enfer, captée lors d’un concert à Houston au Texas.
Ouverture des hostilités par une Angels Fall To Hell de l’album GLORY OF CHAOS. Les guitares se déchaînent, la musique de HELSTAR porte les caractéristiques, certains diraient stigmates, de son temps. Mais on sent directement que ce sont les qualités des compositions et des musiciens qui ont permis au groupe de tenir la distance. On enchaîne avec Toward The Unknown où le côté live ressort de façon plus nette, à nouveaux les guitares sont royales, son clair solo efficace, le titre reste aussi passionnant qu’à sa sortie en 1984 sur l’album BURNING STAR.
Le Suicidal Nightmare qui suit aligne la même bonne santé au niveau des riffs et du rythme pas spécialement prévu pour les escargots. Les guitares brillent toujours éclatantes telles des super novas. Epoustouflant pour un titre issu de REMNANTS OF WAR en 1986. On enchaîne alors avec la première plage de l’album A DISTANT THUNDER (1988) : The King Is Dead. Un titre mortel par bien des aspects.
On enchaîne avec la plage titulaire du premier album, cette tuerie n’a pas pris une ride, Burning Star a toujours le même effet sur le headbanger de base. Terriblement efficace, magnifiquement construit, une plage maîtresse pour le groupe.
Introduction parlée pour le magnifique To Sleep, Per Chance To Scream tiré de l’immense album NOSFERATU. Pour ceux qui ont lu le Dracula de BRAMM STOKER, l’introduction de la plage ne peut que réveiller les impressions reçues à la lecture de ce classique. Le reste, c’est du costaud, de l’efficace, net, précis et sans bavure. Un petit interlude du chanteur pour introduire The Plage Called Man de l’album THE KING OF HELL. Le groupe accélère encore avec le captivant Evil Reign sorti de leur deuxième galette.
Le chanteur James Rivera tient une forme olympique, le batteur Mikey Lewis martèle sans jamais sembler essoufflé, accompagné par Jerry Abarca à la basse pour construire un mur rythmique inébranlable. Les deux gratteurs Larry Barragan et Rob Trevino rivalisent de riffs assassins et de soli dévastateurs sans avoir de crampes dans les doigts. Un détour vers l’album de 2010 GLORY OF CHAOS avec Monarch Of Bloodshed. Le break du milieu de plage vient permettre au public de souffler mais le répit est de courte durée avant le cri de gloire des six cordes.
L’accalmie vient cependant avec Winds Of War de A DISTANT THUNDER. Des vents qui possèdent des intonations assez typiques de la Vierge de Fer avant de partir en sarabande infernale. Une cavalcade qui s’interrompra vers la fin de la plage avant un dernier baroud d’honneur. Petit détour vers l’album MULTIPLES OF BLACK (1995) avec Good Day To Die où James Rivera prend parfois des intonations punks lorsqu’il chante. Aussi carré qu’efficace.
Sans crier gare, le combo passe à la vitesse supérieure pour un Wicked Disposition, nouvel extrait de THE KING OF HELL. Une respiration en milieu de plage permet de solliciter l’intervention du public qu’on n’entend cependant guère. Un petit Pandemonium de derrière les fagots, avec un long passage parlé où James Rivera explique son entrée dans le groupe avec beaucoup de passion, puis le quintette se lance dans un Bitter End où les guitares s’avèrent toujours aussi royales et prépondérantes sous un air chevauché métallique que ne renieraient pas leurs compatriotes de MANOWAR.
On replonge dans NOSFERATU avec Harker’Tale puis avec Angel Of Death (non, pas une reprise de SLAYER, mais une composition de REMNANTS OF WAR) et en nous gratifiant d’un léger répit, vraiment minime, le groupe se plonge dans un Baptized In Blood qui laisse la part belle aux guitares, acérées dès les premiers riffs. Le groupe s’interrompt pour remercier le public, parler de leur marathon de 20 titres, remercier leurs crews et le public. Et accessoirement annoncer la fin du concert.
Le chanteur éructe alors Alma Negra et le titre démarre en trombe, le groupe a troqué son côté « Metal » pour une face plus « Black Metal ». A se demander comment ils font pour pousser encore l’accélérateur à ce point en fin de prestation. Un petit rappel, afin de laisser le public vidé de toute énergie qu’il aurait éventuellement conservé, le groupe termine par deux tueries que sont The King Of Hell et Run With The Pack. Le premier adoptant une ascension feutrée mais certaine avant d’exploser en riffs rageurs et rythmiques assassines. Les doigts se défoulent tellement sur les manches qu’on a l’impression qu’ils ont profité de la pause pour changer, non pas de guitare, mais de mains. La dernière chanson tirée de leur premier album, s’avère boostée. Le chanteur fait participer le public, mais malheureusement l’enregistrement de la foule laisse à désirer, on ne l’entend guère. Dommage que le potentiel de ce titre de fin soit aussi mal rendu car quand on entend le riff, ça saigne tellement il est acéré. Allez un petit claque au responsable du mixage audio et une grande distinction pour toute la bande.
A l’écoute de ce florilège de titres extraits de l’histoire du groupe, on ne peut que constater la cohérence de la démarche, les musiciens ne se sont jamais reniés et n’ont pas retourné leur veste comme d’autres (Metaliquoi ??). Un excellent album qui permettra à ceux qui ne connaissaient pas encore HELSTAR de découvrir le groupe au mieux de sa forme avec une sélection judicieuse. Dommage que la ferveur du public ne se fasse pas plus entendre, après tout il s’agit d’un album live. C’est bien leur seul reproche pour lequel on pourrait leur adresser un « Houston, we’ve got a problem ».
Mr Spok