Quand un groupe éclate, les résultats sont souvent identiques. On se retrouve avec deux parties qui ne parviennent pas vraiment à retrouver la magie du défunt ensemble. Heureusement, ici rien de tout cela puisque nous voilà avec deux RHAPSODY pour le prix de deux, et oui, y’en pas un gratuit avec l’autre malheureusement.
L’introduction Quantum X fait penser à DREAMQUEST, un des projets parallèle du guitariste, et la plage s’avère bien plus musique de film que musique classique. Passé cet interlude pas trop long ni désagréable, on rentre dans le vif du sujet avec Ascending To Infinity. Et c’est le déluge de notes, ça va vite, très vite. Excessivement classique et rapide, on a l’impression que le brave Luca Turilli était tenu en laisse par ses anciens acolytes. Rayon voix, le jusqu’à présent inconnu Alessandro Conti n’a rien à envier à son alter ego. Il va de soi que la texture de sa voix baigne dans le même registre. Et on retrouve les chœurs, les claviers rapides, les breaks, les vrombissements de batterie. Rien de neuf sous le soleil latin donc, mais quel bonheur. Le morceau change d’univers le temps d’un intermède opéra, puis nous offre un solo de clavier que vient rejoindre la guitare. Un nouveau break suit ce déferlement sur les manches. Nos voisins français des cordes (quatre pour Patrice Guers, six pour Dominique Leurquin) ne font pas que de la figuration aux côtés du batteur Alex Landenburg (qui a joué dans STRATOVARIUS pour remplacer temporairement Jörg Michael lorsque ce dernier à quitté le groupe finlandais). Bref en un titre, la messe est dite. C’est du bon, du très bon, du grandiose.
Un petit détour à la Danny Elfman (compositeur préféré de Tim Burton) pour Dante’s Inferno. Une profusion de chœurs grandiloquents et baroques (‘n’roll) bien sûr. Mais lorsque ceux-ci cèdent la place aux instruments métalliques, le titre reste tout aussi grandiloquent et époustouflant. Le passage à l’avant des chœurs, alternés avec les instruments rock, donne un relief de montagne russe à l’ensemble. Emotions fortes garanties.
Introduction folk pour Excalibur avant que les instruments ne se jettent ensemble dans les légendes arthuriennes pour un déferlement majestueux des instruments et des voix. Les passages folks refont surface avec moult flûtes et chœurs pour accompagner les six-cordes, bien que quand on les entend, on a l’impression qu’il y en a plus. A nouveau il s’agit d’un titre à tiroirs et on aurait apprécié entendre un extrait du CARMINA BURANA de Carl Orff, si bien mis en évidence par le cinéaste John Borman dans son fil du même titre.
Opéra quand tu nous tiens, Tormento E Passione met le chant, l’orchestre et le piano à l’honneur. Les amplis et distorsions sont de la partie, mais en retrait et de façon épisodique mais finissent quand même par faire parler la poudre aux trois quarts de la plage. Chant un rien orientalisé pour l’introduction de Dark Fate Of Atlantis, à nouveau on reconnaître la vitesse d’exécution sur le manche. Et dès le premier couplet, on se retrouve en terrain connu, agrémenté d’un au clin d’œil à Danny Elfman mâtiné d’opéra.
La ballade Luna opère un tel ralentissement que cela correspond presque à un passage vers une autre dimension. Le titre prend de l’amplitude avec les chœurs qui remplissent l’espace sonore à la moitié du titre, avant de retomber dans une ambiance feutrée pour s’effacer totalement. Bruit de sirène, communications d’hôpital, le Clash Of The Titans peut démarrer. Le titre joue sur les contrastes : accélérations, ralentissements, envolées lyriques, voix feutrée, chant rapides et chœurs énergiques, instruments rock, bruitage. Un solo à sonorité électronique nous prend par surprise avant de réentendre les arpèges typiques du guitariste italien. Un déferlement d’énergie aux trois-quarts pour bien montrer qu’il s’agit d’un clash.
Et une pièce maîtresse de 16 minutes, une : Of Michael The Archangel and Lucifer’s Fall se lance doucement sur une mélodie feutrée et un récit parlé. La basse est à l’honneur sur la partie suivante. Et puis les guitares se lancent pour accompagner les chœurs. Viennent ensuite les claviers. Et cet opus magistral de multiplier les renversements de situations, servant presque de compilation des composants musicaux déjà croisés au cours de l’album. Grandiose, grandiloquent, pompeux sans doute, mais c’est volontaire. Les excès du titre pourraient lasser les amateurs de Metal plus carré, mais ce serait regrettable pour eux.
Un petit bonus avec March Of Time qui est repris d’HELLOWEEN période Michael Kiske. Par le timbre de voix, on croirait entendre le chanteur d’UNISONIC. Surprenant mais très efficace.
Fondamentalement, il n’y a pas vraiment de modifications flagrantes entre le passé et le présent, et ceux qui voudront s’amuser au jeu des sept différences, pourront écouter chaque album dix fois. Au bout du compte, ils apprécieront sans trop se poser de questions existentielles. Car, c’est bien là le but du Metal, qu’on savoure la musique, et ici, il y a de quoi déguster. Certains pourraient trouver déplacé les quelques sonorités techno qu’on entend de-ci de-là, ce ne fut pas mon cas. Luca Turilli tient une forme royale et cela s’entend.
Mr Spok