IRON MASK est un des groupes du guitariste virtuose belge Dushan Petrossi. Pour mieux marquer la filiation avec les autres maîtres de la six-cordes qui mettent en exergue leur formation classique, outre le comparse de toujours en la personne du bassiste Vassili Moltchanov, l’homme derrière le masque de fer s’est fait accompagné par Mark Boals (ex – Malmsteen). Les autres musiciens étant sans doute, comme sur les précédents albums, de simples mercenaires. Passons sur les problèmes de droits qui ont poussé le musicien à avoir deux groupes différents (l’autre étant MAGIC KINGDOM), voici donc la quatrième couronne de l’homme au masque de fer.
Une petite introduction acoustique qui indique le réveil de la bête (en fait le retour du groupe après une longue absence) et bifurque ensuite vers le courant. From Light Into The Dark ne sert pas à grand-chose mais annonce ce qui suit. Et là, c’est la claque, la batterie se déchaîne, les guitares enchaînent, avec Black As Death l’album vient réellement de commencer. Power, chœurs symphoniques, le titre oscille entre plusieurs styles, la brutalité d’un JUDAS PRIEST et le symphonique d’un EPICA (par un chant plus éthéré), passant de l’un à l’autre, pas toujours avec bonheur, les ruptures étant parfois un peu brusques. Un mélange un peu incongru qui n’arrive pas à convaincre totalement. Le titre aurait gagné à se voir amputer des parties plus calmes, le solo étant époustouflant et magique. Un long morceau en demi-teinte donc mais qui confirme que le capitaine Dushan tient fermement la barre de son navire amiral Metal.
Nettement moins vindicatif, le Broken Hero qui enchaîne note une sérieuse baisse de tension optant pour un style plus commerciale, on pense même aux SCORPIONS, par la combinaison du type de riff avec le timbre de voix choisi. Donc si la plage se laisse écouter, encore une fois, elle ne convainc pas à 100 %. La batterie exulte, les guitares s’enflamment, tiendrait-on enfin avec Fell The Fire LE titre qui va dissiper nos doutes ? La réponse est oui. L’originalité a depuis longtemps fait naufrage, mais l’efficacité s’avère au rendez-vous. Ce missile tient tout de HELLOWEEN, le solo se veut clair, le refrain participatif, le titre rempli de variations étourdissantes, comment peut-on étaler autant d’idées en si peu de temps. Pour peu, la plage pourrait figurer au livre des records. Excellentissime.
Changement d’univers, Gengis Khan commence par une complainte truffée de sonorités asiatiques antiques. Lorsque la tension monte, c’est un mid-tempo qui s’impose. Net et carré, mais sans trop d’envergure, le titre s’étire pendant près de six minutes. Un coup dans l’eau. Si vous avez raté la messe du dimanche, God Punishes, I Kill vous permet de vous confesser par une introduction de type chants grégoriens accompagnés d’une guitare débranchée. Passé cette introduction, le titre passe à la vitesse supérieure en adoptant un riff un rien maidenien aux entournures. On a beau le dire et le répéter, c’est pas beau copier, mais ici qu’est-ce que c’est bon. Surtout que le groupe évite de trop copier, passé ce riff efficace, IRON MASK bifurque en d’autres contrées, remettant en milieu de plage, une couche de chant de messe et de carillon pour introduire le solo de guitare. Un solo qui se joue en deux phases : l’une tempérée, l’autre plus déchaînée. Terriblement efficace. Et ce n’est pas tout au moment où on croit que le gratteur va se reposer les doigts, il en remet une couche. Un régal.
Sans crier gare, le groupe se plonge dans un Rebel Kid d’honnête facture qui à nouveau fleure bon la bande des cucurbitacées teutonnes. Sans trop de relief, mais qu’on écoute jusqu’au bout. La suite, nous emballe nettement plus, le riff et les roulements de batteries de Blizzard Of Doom ont tôt fait de nous captiver. Les cordes doivent souffrir tellement elles sont sollicitées, ça doit chauffer sur les manches, et le chanteur n’est pas en vacances non plus. A nouveau une superbe claque magnifiée par un solo hallucinant et un chant particulièrement inspiré.
Comme une mécanique qui hoquetterait de façon régulière suite à un défaut de fabrication, on revient sur une bifurcation sans relief pour un The Absence peu inspiré et nettement trop commercial. A part le solo nerveux à souhait, le reste s’avère relativement plat. A croire que le compositeur s’est focalisé sur son solo et à quelque peu délaissé l’assaisonnement. Le cd embraye alors sur la ballade de rigueur, napée de claviers et d’un chant énergique mais mélancolique, l’idéal pour les âmes sensibles. Il va de soi que les butors sans éducations dans mon style adopteront le geste qui sauve : aller à la plage suivante.
L’avantage avec ces régulières baisse de régime, c’est qu’aux premières secondes, on est fixé sur la saveur d’un titre. C’est une déferlante qui accueille le metallo de base. Un titre à faire sortir les vampires en pleine lumière, voici Nosferatu. A nouveau une guitare royale prend possession de l’auditeur dès les premières notes. Et puis, le groupe se déchaîne, agrémentant l’ensemble de quelques discrets hurlements gutturaux. La batterie vrombit à sans cesse, la chanteur se sent pousser des ailes, et on plonge avec bonheur dans un maelstrom de notes, de breaks, de chœurs. Les musiciens donnent tout ce qu’ils ont. Plus qu’une tuerie, une leçon de vie. Les instruments sont tellement mis en exergue, qu’on pourrait regretter la simplicité des paroles, mais bon, c’est du pur Metal aussi, pas un traité d’anthropologie.
La guitare se lance soutenue par une rythmique bien carré pour adopter un tempo un rien commercial et le groupe nous livre un mid-tempo qui, à nouveau, refroidit notre enthousiasme. Et sur le couplet, le chant se fait résolument commercial. When All Brave Fall fait un peu penser à du DEF LEPPARD, pas désagréable, mais avec ce qui précède, ça coince dans les rouages. Cependant le solo s’avère suffisamment épicé pour tenir la route avant un dernier break pour relancer un refrain mou du genou jusqu’à la conclusion.
On remonte la pente avec le petit bonus du pressage européen : un chant endiablé et nerveux nous accompagne sur Evil Strikes In Silence. Les autres instruments ne sont pas en reste. La sauce prend.
Dommage que l’album souffle l’hyper chaud et le froid polaire. Passant régulièrement d’une pièce monstrueuse d’orfèvrerie Metallique à un titre quelconque, donnant l’impression que le compositeur se focalise sur certaines plages pour mieux les faire ressortir et en délaisse d’autres. Finalement, on aurait pu faire l’économie de ces titres plus moyens et se contenter d’un album d’une durée plus courte mais qui nous laisserai pantois et sans souffle. Ici, on soupire trop souvent. Bref, pour la prochaine aventure de l’homme au masque de fer, le talentueux compositeur et gratteur devrait se contenter d’aller à l’essentiel sans vouloir faire un album trop long. Dans un autre registre, le fabuleux « REIGN IN BLOOD » de qui vous savez ne dure même pas une demi-heure. Preuve que la quantité n’est pas vraiment synonyme de qualité.
Mr Spok