Manowar - Battle Hymns MMXI
Magic Circle Music

Pour la petite histoire, les prémices du groupe tiennent à une rencontre fortuite. Alors que Joey DeMaio travaille en tant que technicien basse pour BLACK SABBATH, feu Ronnie James Dio lui présente le guitariste groupe français SHAKIN’STREET : Ross The Boss. Ils décident alors de monter un groupe ensemble. Ils engagent Eric Adams au chant et Donnie Hamzik à la batterie pour créer cet icône du Metal qu’est devenu, au fil des ans, MANOWAR. Leur première album éponyme sort en 1982 et fait forte impression parmi les headbangers. Alors que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, que le groupe a sorti une kyrielle d’albums, que le poste de guitariste a été plusieurs fois réattribué et qu’ils ont gagné le titre de « Loudest band in the world », voilà qu’ils décident de réenregistrer leur premier opus avec les technologies modernes, profitant du retour du batteur original. Petite autopsie d’un revenant.

Dès la première plage, Death Tone on se rend compte du travail effectué. Et on évite le parfum de vieux qui va souvent de pair avec les albums de cette époque qu’on a simplement couché sur CD. Donc, le titre sonne toujours aussi efficace, que ce soit du côté des riffs, de la voix, de la rythmique. Le solo de guitare possède même un petit plus incisif qui n’est pas pour nous déplaire. Et avec Metal Daze, c’est carrément le bonheur (le mot ‘metal’ dans un titre, rien à faire, quand ça marche, ça marche fort, et ici c’est précisément le cas). Le fan a l’impression de replonger dans le temps à l’époque où il découvrait le groupe. Et le titre, qui n’a rien perdu de son ambiance, fait toujours autant d’étincelles.

On enchaîne alors sur Fast Taker avec son riff rapide et efficace, sa ligne de basse carrée, ses vrombissements de fûts et cette voix royale. La tête se secoue comme dans les années ’80, on se demande même si nous n’avons pas fait un grand bon dans le passé pour pouvoir profiter à fond de cet album, comme quand nous étions jeunes et beaux (enfin pour ceux qui ont eu la joie de découvrir le groupe à cette époque, et qui maintenant ne sont plus que beaux malheureusement). D’ailleurs, certaines interventions de la basse semblent mieux ressortir que par le passé, ceux qui possèdent encore le vinyle pourraient d’ailleurs vérifier.

Alors oui, pour les fans, cet album peut ressembler à un exercice un peu futile et un véritable album avec de nouveaux hymnes metalliques aurait peut-être été préférable. Mais n’est-ce pas le propre d’un artiste de faire ce que lui dicte son instinct, plutôt que de s’insérer dans la veine du moment où se contenter d’être là où on veut qu’il soit ? Et on enchaîne alors avec Shell Shock, un titre presque « cliché » maintenant, mais pas à cette époque et les variations qu’il contient, que ce soit au niveau du rythme, de la voix pourraient servir de leçon à bien des groupes. Sans compter le magistral solo de guitare et les roulements sur les fûts. Le coup de jeune qu’apportent les nouvelles techniques d’enregistrement ont du bon, mais c’est aussi dû au fait que les titres tiennent la route depuis longtemps.

Et allons-y pour la plage éponyme du groupe, rythmique presque cliché avec les vrombissements de la basse. Mais ce procédé classique n’a rien perdu de son efficacité, la plage s’avère toujours aussi entraînante. La succession couplet-refrain ouvrant la voie à un solo royal. Et c’est un final tout en ralentissement qui s’étire pour clôturer l’aventure et nous conduire vers le mid-tempo qu’est Dark Avenger, morceau tout en ambiance, qui laisse de côté les riffs assassins et les montées d’adrénaline. Ici, c’est un récit qui défile devant nos oreilles pour mieux nous laisser nous imprégner de l’atmosphère : un univers magnifiquement illustré par la voix de cet artiste hors pairs qu’est le cinéaste-acteur Orson Welles (on va pas vous faire un cours d’histoire du cinéma, tous sur Wikipédia si vous voulez savoir qui c’est). Et lorsque le cinéaste se tait, l’accélération tant attendue nous tombe dessus telle une masse de guerrier vindicatif (ce qui n’étonnera personne).

Et un chouette interlude à la basse qu’est William’s Tale, qui constitue un entracte parfait pour introduire la pièce de résistance de cette galette : Battle Hymn. Neuf minutes trente d’une épopée metallique, magnifiée par un extraordinaire solo en son milieu. Un simulacre de final vers ses trois quarts, qui permet au groupe de continuer à rebondir dans l’inattendu.

Et pour donner un petit plus nous avons droit à deux versions captées en public de Fast Taker et Death Tone. Car à l’époque, sur vinyle, rares étaient les albums qui dépassaient les cinquante minutes, ce qui représente presque la norme actuellement. Donc, il fallait un peu gonfler la galette. Alors oui, au final, un tel album, qui est aussi quelque part une pièce d’histoire, représente au choix soit un caprice, soit une réédition superfétatoire totalement injustifiée. Mais quel bonheur !!

Mr Spok

7.5/10