La précédente galette des britanniques n’avait pas vraiment laissé des souvenirs impérissables dans nos neurones de headbangers. Le quatuor britannique allait-il inverser la tendance avec son nouvel album ? Suspense.
L’introduction Convergence laisse la part belle à un riff avant que le son ne prenne plus d’ampleur pour plonger dans un Halo In Black qui poursuit le même riff. Carré de chez carré, on sent que les musiciens ont fait le plein de vitamines au petit déjeuner. Sans originalité le riff parvient pourtant à s’imposer agréablement jusqu’au solo qu’on aurait souhaité plus nerveux et plus rapide.
Le tempo se ralentit mais la guitare acérée martèle nos neurones. Mâtinée de judicieuses interventions, le titre lorgne vers un Metal à la DEF LEPPARD avec un son plus brut. Malgré la vitesse modérée, on ne peut s’empêcher d’accompagner le titre avec la tête et les jambes. Et ici, le solo s’intègre parfaitement à l’ensemble mieux servi par ce vent favorable que par un mistral de tempête. Les musiciens enchaînent avec Veils Of Empathy. Et si les britanniques poursuivent dans la même veine, que le riff s’avère toujours aussi carré et efficace, on sent que la similitude avec la bande de Joe Elliot se fait un peu plus, voir un rien trop, pesante.
Et voilà que déboule un Blast Radius rageur qui semble vouloir couper les ponts avec le léopard sourd. Adoptant déjà un ton plus agressif, le titre rajoute une couche au premier break. Et le reste est à l’avenant. Le quatuor tient à montrer qu’il respire la forme. Le solo s’engouffre dans une voie maidenienne et semble ne jamais vouloir s’arrêter. Un temps d’arrêt, un autre break magnifié par la guitare et on reprend le couplet. A nouveau le quatuor a le chic pour nous balancer un tempo carré et assassin. Les hostilités de Lords Of Chaos se présentent de façon classique : gros riff, chant énergique, mais à nouveau la recette, malgré qu’elle soit éprouvée, ne manque pas de sel. Le solo permet aux six-cordes de s’illustrer dans un registre un rien plus virtuose que sur les autres plages, et même si ce n’est pas du Satriani, ça s’écoute sans ennui.
Et un petit coup d’accélérateur avec des guitares déchaînées pour Fragmented Reality. Sans jamais renoncer à la plongée, mais non abyssale, dans une tranchée plus pop, la plage conserve une pêche certaine et laisse les doigts se défouler sur les manches. A nouveau le chant énergique et mélodique du gratteur Edouard Box fait merveille. Arrive le double solo, le chanteur et son acolyte Pete Thompson se défoulent à fond pour notre plus grand plaisir. A croire qu’ils ont laissé les solos les plus frapadingues pour la fin de l’album.
Succéder à une telle tuerie s’avère ardu. Dès lors, subtilement VENDETTA lorgne alors vers un riff de style ‘acceptien’ (période Metal Heart), la voix de UDO en moins. Et la transition fonctionne, la plage arrive une fois de plus à nous prendre par les sentiments, ce qui est d’autant plus vrai lors du solo. Bref de quoi introduire LA pièce montée de l’album qu’est All Your Setting Suns. Le premier couplet s’ouvre sur un riff lancinant et une voix trafiquée. Le riff se fait plus présent tandis que la voix laisse tomber les effets pour le refrain. Un gros break introduit le deuxième couplet et on relance la sauce refrain. Puis le son du solo se fait Satriannien. A nouveau les Anglais nous attrapent là où on s’y attend le moins. Passé cette tempête surprenante, le tempo se ralentit, l’ambiance se fait envoûtante avec des notes qui prennent le temps de s’élancer dans l’éther avant un nouveau refrain.
Et c’est par le riff acéré et saignant de We Are Legion que les musiciens ferment leur dernier opus. Titre rapide terriblement conventionnel, il fait pourtant mouche grâce à un riff efficace, des paroles simples (c’est pas du Nietzsche), une section rythmique en symbiose (Gary Foalle à la basse et Lee Lamb à la batterie) qui pousse l’accélérateur à fond. Rien de neuf à se glisser dans les tympans, mais quel plaisir quand même.
Plutôt que d’être une franche révolution vis-à-vis de la galette précédente, cet opus marque une sérieuse amélioration de la qualité générale et nous a largement plus convaincus, même si le groupe, comme par le passé, ne renie aucune de ses influences et que parfois cela se remarque un peu trop. Par rapport à son précédent album, le groupe a pris un soin méticuleux à sortir le riff, le tempo qui permet à chaque titre de relancer l’intérêt en se distinguant de son prédécesseur. Le quatuor réussit à éviter la faute de mettre les plages les plus passionnantes en début d’album, ce qui fait que généralement, on se lasse vite. Rien de cela ici, la qualité va crescendo dans une diversité salutaire. Si le groupe poursuit son évolution sur une telle lancée, il se peut qu’un jour on puisse dire de lui qu’il VENDETTA d’albums. Bref, plutôt que de rester sur ce mauvais jeu de mots, portez-lui une écoute attentive.
Mr Spok