Quand deux musiciens de Metal décident de joindre leur talent, ça donne généralement naissance à une formation qui ressemble à ce qu’ils faisaient précédemment, chacun y apportant sa touche. Dans le cas présent, la réunion de Michael Voss et Mark Sweeney échappe à la règle, vu qu’ils ont fait appel à une kyrielle de chanteurs, de bassistes et de guitaristes pour enregistreur le fruit de leur première collaboration. Trop nombreux pour tous les citer ici, sachez qu’on y retrouve des hurleurs tels Paul Di’Anno, Tony Martin, Jeff Scott Sotto, Rob Rock, Tim Ripper Owens. Des quatre cordes qui répondent aux noms de Tony Franklin, Mat Sinner, Neil Murray. Des guitaristes moins illustres mais cependant tout aussi talentueux : Igor Gianola, Ira Black, Tommy Denander, Torsten Koehne, Olaf Lenk. Idem au rayon claviers : Alessandro Delveccio et Ferdy Doernberg. Quant à la batterie, tout est pris en charge par Gereon Homann.
C’est donc un Sirens heavy en diable qui ouvre les hostilités en nous livrant une introduction au clavier sur laquelle les guitares et la section rythmique viennent se greffer. Chant chaleureux, tempo entraînant, le titre séduit directement par son côté ‘helloweenien’, mais en moins rapide. De facture classique, la mélodie a tôt fait de s’insérer dans la tête et on se laisse emporter par la mélodie et ce chant chaleureux jusqu’au solo de guitare clair et très assez sage dans son déroulement. Entrée électronique très courte, avant que nos instruments favoris ne se jettent dans la mêlée de ce Dark Horizons énergique et plus virulent. Le titre a plusieurs couches de chants, de guitares. Les chœurs ressortent lors du refrain, tandis que le chanteur module sa voix de façon plus agressive que pendant les couplets. A nouveau, un duo de guitares s’offre à nos oreilles pour le solo. En clair, c’est deux titres nous ont mis en appétit, mais le meilleur reste à venir.
Le tempo se ralentit, l’ambiance se fait lourd et pesante pour Lost, on se croirait dans du gothique symphonique avec une touche de BLACK SABBATH tandis que les refrains nous offrent des chœurs plus aigus et féminins. Les nombreuses voix éclatent le titre en de multiples dimensions sonores. Mais ce n’est pas tout, nous avons droit à un interlude de style folk acoustique, puis une envolée lyrique de voix, suivi par des solos qui semblent ne jamais devoir s’arrêter. Incroyable d’arriver à condenser autant d’idées dans un seul titre. Un claque magistrale. Quand ça s’arrête, on en veut encore.
Pas avare en riffs rageurs, Slam Down The Hammer a toutes les qualités d’un titre méchant. Rapidité, énergie, voix rauque mais pas inaudible. Le tempo se ralentit légèrement pour le refrain, histoire de mieux préparer le mini solo qui suit directement avant le second couplet. Le refrain suivant introduit un long solo qui oscille du rapide frénétique au tempéré. Les instruments se font discrets à l’exception de la batterie pour permettre aux voix de prendre la quasi-totalité de l’espace sonore, avant de laisser la guitare se défouler sur un dernier riff.
Ambiance folk moyenâgeuse pour The Crow avec ses roulements de tambour, et ses guitares lancinantes. La sauce monte doucement avant de laisser la place à une rythmique carrée hyper classique, voire presque cliché. Le chant principal est agressif tandis que les chœurs offrent également deux styles différents : très agressif au début pour bifurquer ensuite vers de très sympathiques et entraînantes ‘helloweeneries. Retour au couplet où les voix montent à nouveau en virulence. Après le deuxième refrain, les guitares s’offrent la part du lion dans un double solo bien sympathique. Et le titre se termine bien évidemment sur le chant d’un corbeau.
Un léger interlude à la guitare sèche Wolfpup avant que ne retentisse le riff de Let Me Die. Le tempo se fait bien lourd, la voix insidieuse est soutenue par une rythmique batterie-basse bourdonnante. A nouveau le refrain nous offre une dichotomie de différents organes vocaux. L’ambiance lente mais puissante de la plage captive sans aucun problème. Un interlude parlé soutenu par des chœurs de type chant grégorien. Plus qu’une chanson, il s’agit d’un récit conté. Puis un dernier refrain referme le récit.
Une introduction par la guitare qui fait fort penser à du JUDAS PRIEST, une voix bien rauque, Reptile’s Kiss a vite fait de nous offrir des guitares endiablées. La preuve par un mini solo après le premier refrain. Impossible de rester de marbre devant autant d’efficacité, les pieds battent la mesure, les cheveux se secouent. Un break pour introduire un solo bien calme dans ses premières mesures, avant d’accélérer dans la seconde partie et d’exploser dans la troisième. Pas original pour un sou, mais rudement efficace. Battant le fer tant qu’il est chant, l’album passe à Ride The Bullet qui décline également le même type de formule : riff carré, rythmique plombée, chant agressif, chœurs lyriques. Sur cette ossature vient se greffer un solo qui n’en finit pas de partir en vrille pour notre plus grand bonheur.
Ambiance de film d’épouvante, le piano mélancolique qui ouvre les hostilités de Wolfony lorgne du côté de John Carpenter. Puis les guitares et la batterie font leur apparition sur un rythme endiablé pour introduire une voix aux intonations malsaines au début, plus classiques ensuite. Les chanteurs se partagent les interventions, puis les chœurs prennent le relais lors du premier refrain. Un très court solo pour annoncer le couplet suivant met le feu aux poudres. Le second refrain est suivi par un break qui nous renvoie aux notes du piano de l’intro, un piano accompagné par un orgue. Un solo mélancolique envahit l’espace sonore et laisse la place à des chœurs religieux latins qui seront bientôt soutenus par une rythmique carrée avant de laisser la place à une courte intervention du chant. Et un solo monstrueux de démarrer, quand il s’achève la rythmique diabolique reprend ses droits pour un nouveau duo couplet-refrain. Des hurlements de loups accompagnent le piano et le chant latin qui clôturent cette pièce d’orfèvrerie métallique. Du grand art.
En résumé, un excellent album rempli de bonnes choses, qui fait l’impasse sur la ballade généralement de rigueur. Les bonnes influences des compositeurs se remarquent (PRIEST, HELLOWEEN) mais Michael Voss et Mark Sweeney ont suffisamment de talent pour les dépasser et nous offrir une galette royale. Reste à voir si on aura un jour l’occasion de découvrir une telle pièce d’orfèvrerie sur scène. En attendant, les amateurs de Metal conventionnel auront largement de quoi combler leurs attentes à l’écoute de cette meute.
Mr Spok