Sebastian Bach, chanteur canadien, est surtout connu pour avoir été LE chanteur de SKID ROW groupe de hard rock metal américain fondé à la fin des années ’80 et devenu célèbre dans la décennie qui a suivi. Avec la caractéristique que, contrairement à d’autres formations du même genre, plutôt que de mollir dangereusement lors du virage au second album, les cinq gaillards avaient poussé à fond la machines à riffs et leur deuxième galette était dès lors une tuerie encore plus performante que la première. Vous ajoutez à ça les performances vocales de M. Bach, et son attitude sur scène, avec une crinière royale, et vous obtenez une référence. Et puis le gaillard s’est empressé de rendre hommage à ses Dieux à lui en appelant son premier fils « Rob » (oui, oui, comme le Haldford de JUDAS PRIEST). Donc passons outre la question de savoir pourquoi et/ou comment on peut virer un chanteur de la trempe de Sebastien Bach pour s’atteler à la dernière œuvre en date de l’artiste (en faisant l’impasse sur sa carrière télévisée qui ne nous intéresse guère ici). Dernière précision, l’ami Sebastian a pris soin de s’entourer de pointures telles Bob Marlette à la production, du jeune mais prometteurs guitariste Nick Sterling et du batteur Bobby Jarzombek.
Sans fioriture, l’album démarre en trombe avec la plage titulaire, la voix du seigneur de cérémonie s’avère toujours aussi chaleureuse et puissante, comme si les ans n’avaient aucune prise sur le chanteur. Les instruments sont en retrait quand il s’exprime, pour mieux exploser par la suite. Lorsque le solo éclate, on sent que l’énergie a été contenue pour permettre au gratteur de se défouler. Un mid tempo bien énergique pour mettre en confiance l’amateur de bon hard rock. La déferlante continue avec My Own Worst Enemy, le rythme carré est plus rapide, la voix à nouveau en avant. Le chant se fait plus modéré par moments pour mieux faire ressortir les montées d’énergie. La guitare proéminente sur certains passages, se fait discrète à d’autres, mais n’oublie jamais de prendre la place royale lors de son solo. Encore une fois le titre module ses effets, balançant entre les envolées énergiques et les moments tempérés.
Introduction calme pour lancer un gros riff bien lourd. Tunnelvision se la joue modéré au niveau vitesse mais lourd au rayon ambiance. Les instruments cèdent la place au chant accompagné uniquement d’une rythmique simple pour ne ressortir judicieusement qu’à l’approche du refrain. Par contre, à nouveau, le solo permet à un véritable Hiroshima de notes de déferler dans nos tympans. Efficace entrée en la matière pour Dance On Your Grave, la déferlante de riffs ne s’arrête qu’épisodiquement pour laisser les oreilles souffler. Le brave Sebastian se démène les cordes vocales accompagné d’une rythmique plombée. Le moment dédicacé au solo s’éternise avant que le hurleur ne vienne y mettre fin de façon radicale. Efficacité garantie. Petit virage plus commercial avec Caught In A Dream qui pourrait s’apparenter à du GUNS’N’ROSES très accessible. Le chant fait l’impasse sur son côté agressif pendant les couplets, on note que la basse bourdonne de plaisir. Le hurleur s’offre un court moment d’expression totale avant de céder la place au soliste qui s’amuse comme un malade. La plage suivante As Long As I Got The Music poursuit dans le même registre et offre à nouveau une superbe intervention de la six-cordes.
Baisse de tension considérable avec la balade I’M Alive. Là, si on compare avec le titre équivalent de BLIND GUARDIAN, c’est le recalage complet. Par contre en tant que bluette de rigueur, la plage remplit sa fonction, d’autant plus que le soliste se fend d’une superbe intervention modérée qui sied au genre. Les pendules se remettent à l’heure de l’énergie pour Dirty Power. Un titre qui nous réveille de la torpeur dans laquelle nous avions été plongés, les instruments, enfin débridés, se démènent. Le chant gagne en agressivité au milieu de la plage, très courte mais radicale. Mise en appétit rapide mais ralentissement au premier virage. Passé cette précaution de conducteur prudent, l’énergie a vite fait de reprendre ses droits et d’instaurer un climat particulièrement électrique. Live The Life nous comble de joie avant le mid-tempo calme mais en énergie contenue qu’est Dream Forever. Un titre particulièrement expressif surtout dans son solo.
Un gros riff nous arrive sans crier gare avec One Good Reason. La rythmique nous bombarde, le chanteur se démène, la guitare explose lors de son solo. Bref, ça cogne dur. Et ce n’est pas fini, le groupe, toujours en pleine forme, nous ressert le couvert pour un second solo encore plus explosif que le précédent, terminant le morceau dans un déferlement de bonnes choses. Pas question de laisser retomber la tension, Lost In The Light nous assène un riff acéré, la voix passe de l’agressif au tempéré. Le titre se termine en apothéose. Histoire de souffler, voilà la deuxième ballade remplie de jolies sonorités acoustiques Wishin. Bref, ceux qui ont eu leur dose peuvent arrêter là l’écoute de l’album.
En clair, les compositions font plus que tenir la route et à l’écoute de cet album, on ressort convaincu que le brave Sebastian Bach s’est entouré de pointures. Mais il manque un petit quelque chose pour atteindre la grande distinction. Et, si le chanteur a réussi à se faire un nom, ce n’est pas certain qu’il va vraiment sortir du lot avec un album somme toute assez « classique » qui joue un peu trop souvent sur les montées et descentes d’énergie au sein d’un même titre. Eu égard à l’illustre carrière du chanteur dans son précédent groupe, on aurait aimé plus de déferlantes sans étapes, ici, ça fait un peu ascension dans les montagnes : une grimpette lente et une descente et ainsi de suite. On aurait grandement apprécié un peu plus de contre-la-montre et d’échappées sans étapes intermédiaires. Bref, un bon album mais un peu trop formaté, et on regrette encore et toujours que le canadien ne fasse plus partie de SKID ROW.
Mr Spok