Douze ans après la création du groupe, alors que le Metal subit les conséquences de son succès, Dylath-Leen sort son troisième album : Cabale. Entre le retour en force du Thrash Old School, l'explosion du Metalcore, la spirale infernale du Gothic Metal et le retour sur le devant de la scène du Heavy/Hard Rock, il est en effet difficile de ne pas être intrigué par les publications des Cambraisiens de Dylath-Leen.
Déjà qualifiés d'Ovni à la sortie de leur premier opus (Insecure, 2002), les musiciens du groupe poursuivent leurs expérimentations musicales, qui semblent de plus en plus complexes. Quoi de plus logique quand on puise son inspiration chez Lovecraft ? Entre Death et Black Metal, le tout saupoudré d'une grosse touche atmosphérique, Dylath-Leen se démarque nettement de la concurrence et offre une bouffée d'oxygène aux auditeurs en quête de variété. Non seulement au sein de la scène Metal, mais aussi dans leurs compositions.
Déboulant sur un blast et un rugissement de Kathy Coupez, on pourrait s'attendre à une boucherie à l'écoute de Never Rising Sun. Il n'en est rien. Un clavier subtil, mais efficace vient apporter de la profondeur à la compo, essentiellement basée sur la rythmique. La production est brute, mais professionnelle, de quoi transmettre la noirceur de la musique du groupe. Petit fait remarquable : Dylath-Leen n'est signé chez aucun label, ils sont entièrement indépendants. C'est assez rare que pour être souligné. Certes, on peut également poser la question dans l'autre sens et se demander si ils n'exploseraient pas sur la scène européenne en appartenant à une structure pro.
Mais revenons à nos moutons... Il est quand même temps d'aborder les aspects moins techniques et plus musicaux de ce Cabale.
Outre la diversité des lignes de chants, exécutées en alternance par Kathy et Igor, il est essentiel de parler de la section rythmique, principalement du batteur, Bertrand Oria, qui fait ici office de vrai métronome. Son panel de plans batterie est réellement impressionnant et son jeu apporte une sacrée richesse rythmique. La basse de Jérémy Mairesse seconde quant à elle à la perfection les riffs d'Igor et Kathy. Bref, le groupe est solide et interprète ses titres au mieux.
A part Never Rising Sun et End Of Time, les deux excellents morceaux d'intro, je voudrais mettre en avant quelques titres, comme le sinueux et torturé I Dreamt. Très catchy, mais pourtant étrange (les notes de clavier n'y sont pas pour rien), ce titre a retenu mon attention dès la première écoute. Last Moment et son intro très directe suivent et continuent plus ou moins dans la même branche.
J'ai également beaucoup aimé l'introduction très atmosphérique de Forever ... Still (deux pistes jumelles, unifiées dans le livret). L'auditeur semble être invité pour plonger dans le monde de Lovecraft, à la recherche de Ktulu et d'autres créatures imaginaires. La seconde partie montre également que la musique, si brutale soit-elle, est porteuse d'une infinité d'émotions différentes. Du grand art.
En conclusion, ce Cabale tient toutes ses promesses. Il est vrai que le superbe artwork, dans la lignée de Septic Flesh, contribue à renforcer le mystère Dylath-Leen. C'est à grand coup d'originalité que ce groupe s'est fait une place sur les scènes françaises et belges, c'est en continuant avec des albums de cette trempe qu'ils arriveront à leurs fins.
Crowley