Pour ceux qui débarquent sur la planète Metal, le chanteur allemand Ralf Scheepers s’est fait connaître en tant que chanteur de GAMMA RAY, le groupe que Kai Hansen avait créé après son départ d’HELLOWEEN. Trois galettes marquèrent cette collaboration, avant que le brave hurleur quitte le rayon gamma. Des rumeurs soulignent que son éviction fut causée par le fait qu’il avait postulé au poste, vacant à cette époque, de chanteur de JUDAS PRIEST, car le brave Ralf sait monter haut, très haut, tout comme son illustre modèle (ils ont d’ailleurs la même coupe de cheveux, si j’ose dire). L’histoire en a décidé autrement et Ralf se joint alors à Mat Sinner pour l’aventure PRIMAL FEAR. Entre temps, on le retrouve aussi à s’occuper des backing vocals pour des groupes tels SCANNER et THERION. Composant de-ci, de-là des titres qui ne collent pas à 100 % avec la bande à Mat, le brave hurleur nous livre ici son premier album à lui tout seul, produit par … son pote Mat Sinner (que le monde est petit) qui s’occupe aussi de la basse. On retrouve également aux guitares des pointures telles Sander Gommans (ex-AFTER FOREVER), Magnus Karlsson (de PRIMAL FEAR) sans oublier les invités prestigieux tels Kai Hansen, Mike Chlasciak, Alex Beyrodt, et Victor Smolski. A la batterie Snowy Shaw (qui a aussi un curriculum vitae comme un bottin téléphonique : DIMMU BORGIR, THERION, KING DIAMOND). Bref, rien que du beau monde. Décryptage en règle.
Quand s’ouvre Locked In The Dungeon, on nage dans un univers connu. Une rythmique carrée, rapide, des riffs acérés et puis la voix du brave Ralf qui vient se greffer sur cet ensemble. Le chanteur ne se prive pas de passer d’une voix ‘normale’ à un registre nettement plus aigu qui permet de capter la filiation certaine avec JUDAS PRIEST, filiation qu’on retrouve également au niveau des soli de guitares. Bref, cette première plage établit clairement qu’il ne faut pas s’attendre à un album de Metal progressif ou de gothique dépressif. Moins rapide mais tout aussi carré, Remission Of Sins bénéficie de la présence de Tim ‘Ripper’ Owens au chant. Alors oui, la formule ne varie pas des masses, mais le titre tient toutes ses promesses et on ne s’ennuie pas. Un son indus, mais léger, pour Cyberfreak, et toujours ces intonations ‘halfordiennes’ immanquables. A nouveau le contrat est rempli, ça déménage à fond, un break calme l’ardeur générale avant un solo à vitesse modérée qui relance la machine jusqu’au final.
Ouverture symphonique pour lancer The Fall, un riff carré sur un mid-tempo permet à la voix de se poser modérément sur une ambiance lourde. La ressemblance avec le GAMMA RAY du début saute aux oreilles. Surfant toujours sur une vague symphonique, avec une pincée de gothique, l’introduction de Doomsday nous entraîne là où on ne l’attendait pas vraiment. Le changement ne se vaut pas radical, le chanteur ne nous la fait pas dépressif suicidaire, mais réussit encore une fois à briser la monotonie. Les guitares au mieux de leur forme riffent dans tous les sens et contrebalancent l’ambiance noire distillée par le chant modéré. Vers les trois quart, un break parlé interrompt les instruments avant qu’un roulement de batterie relance la machine pour le final. Un tempo lourd et lent ainsi qu’un gros riff énergique ouvrent le bal du Saint Of Rock. La voix domine tous les autres instruments jusqu’au refrain à vitesse modérée qui répète le titre à répétition. Carré et pas original pour un sous, mais superbement mis en place et royalement efficace.
Pour montrer qu’il se sent à laisse avec la ballade sirupeuse, le costaud chanteur nous livre Before The Dawn et sa mélodie acoustique qui laisse l’électricité reprendre du poil de la bête pour un solo sympathique. Une gentille respiration avant de rouvrir les hostilités avec le judicieusement intitulé Back In The Track qui nous offre des guitares royales. Le son metal s’éclipse un instant pour laisser le chant au premier plan sur un ralentissement général du rythme. Ceci avant que le déluge de son ne reprenne de plus belle, pour à nouveau traîtreusement se ralentir. Le titre nous la joue montagnes russes sans crier gare. Mais quand on descend à toute vitesse, le morceau s’avère vertigineux. Le duo basse-batterie fait des merveilles du début à la fin. Une plage terriblement efficace.
A nouveau un mid-tempo bien lourd avec Dynasty. La basse bourdonne joyeusement, la guitare se fait discrète mais judic. Et au premier refrain, tout le monde pousse sur le volume. Pour peu, on se croirait chez ACCEPT de l’époque Udo Dirkschneider. Les premières notes de The Pain Of The Accused prennent la direction gentille ballade acoustique, et c’est pour mieux nous surprendre. Passé cette longue introduction, la plage éclate dans une énergie contenue. Les guitares nous offrent un solo démentiel qui semble ne jamais devoir s’arrêter. Et lorsqu’on souffle à nouveau sur un passage parlé, cette accalmie ne dure pas, l’énergie reprend rapidement ses droits. Grosse claque avec Play With Fire (on se doute, au titre qu’on va pas s’endormir), du lourd et de l’efficace qui fait bouger les jambes, la tête et le reste, les musiciens se laissent aller, et on les devine en pleine forme. Sans surprise, mais redoutable à forte dose. Une dernière ballade acoustique pour refermer la page, Compassion termine l’album par une note reposante et une dernière petite mélodie gentille qu’on croirait sortie d’un western, un titre à la fois agréable et un peu gag mais franchement bien mis en place.
Ainsi donc, malgré qu’on puisse juger inutile l’exercice de l’album solo, force (vous avez déjà vu les bras du chanteur) est de constater qu’il s’en tire plutôt bien et que loin de déclencher des rires méprisants, sa galette tient la route et propose différentes facettes de son talent et montre qu’il est à l’aise dans tous les registres. L’album bénéficie d’une diversité surprenante quand on voit le parcours du gaillard qui l’a composé (on ne peut pas dire que PRIMAL FEAR se remette en cause à chaque galette). Certainement pas indispensable, mais jamais décevant.
Mr Spok