En 1989, les guitaristes Torsten Ihlenfeld et Milan Loncaric, accompagnés par le batteur Dieter Bernet posent les bases de BRAINSTORM, bientôt rejoint par le bassiste Antonio Leva. Ce n’est qu’après de longs efforts qu’ils tirent enfin les fruits de leur travail par la sortie de leur premier album HUNGRY en 1997. L’année suivante, ils enregistrent leur deuxième galette UNHOLY sous la houlette de Charlie Bauerfeind et Dirk Schlächter (le bassiste de GAMMA RAY). Ils tournent, tournent et accueillent en leur sein un nouveau chanteur Andy B. Franck juste avant de finaliser leur troisième disque : AMBIGUITY. On ne change pas une équipe qui gagne et tout ce beau monde continue à sortir des albums avec une régularité de métronome : METUS MORTIS en 2001, SOUL TEMPTATION en 2003, LIQUID MONSTER en 2005, DOWNBURST en 2008 et MEMORIAL ROOTS en 2010. Comme on ne s’arrête pas en si bon chemin, c’est ON THE SPUR OF THE MOMENT qui vient aujourd’hui régaler les fans de BRAINSTORM.
Démarrage acoustique pour l’album et sa première plage Below The Line. Une mélodie envoûtante rejointe par des chœurs qui montent avec la batterie. Un riff puissant se joint à l’ensemble pour lancer la voix mélodique d’Andy B. Frank. L’accent est mis sur l’ambiance un rien mélancolique du titre, aspect mis en évidence par les différents chants qui se répondent. Lorsque le chanteur occupe le devant de la scène, les instruments se font plus discrets mais reprennent la préséance lorsqu’il s’arrête. La conjonction des intonations du chanteur et la mélodie font penser aux Brésiliens de ANGRA. Une courte intervention électronique pour soutenir des roulements de batterie avant que les gratteurs ne lancent le solo. Bref, plutôt que de foncer à plein tube dès les premières secondes, le groupe préfère attendre et travailler ses effets. C’est ainsi qu’il nous balance un gros riff tendance trashy pour In The Blink Of An Eye, la voix également se fait plus directe et un rien plus agressive. Le refrain laisse la place au chant, puis aux gros riffs pour mieux lancer un deuxième couplet. Un long solo se fait retentir, où les doigts se défoulent sur le manche. S’ensuit un premier refrain, puis un second plus énergique.
Voix seule pour introduire Temple Of Stone, batterie, basse et guitares rentrent dans la danse. Puis ne reste que la voix parlée avant que tous se rejoignent pour le premier couplet. Le riff est carré, la rythmique bétonnée. Le titre se partage entre accélérations et ralentissements traîtres. C’est un solo un rien ‘maidenien’ qui vient nous rincer les tympans, avant que le refrain revienne sur scène. Efficace à 100 %. Le In These Walls qui suit prend une connotation un rien gothique par la façon dont résonnent le clavier, la guitare très discrète qui reprend toujours la même succession de notes et un chant très lent. Malgré un tempo ralenti, la voix donne le meilleur d’elle-même, sans jamais accélérer. Les roulements de batterie viennent discrètement soutenir la mélodie de la guitare mainte fois répétée. Le solo, poursuit dans la même veine, jusqu’à une accélération du meilleur effet. Suivi d’un nouveau refrain où les instruments sont plus accentués.
Le groupe garde le pied sur l’accélérateur pour un Still Insane de facture classique qui a un petit air de JUDAS PRIEST mais en moins rapide : un riff accrocheur, une voix puissante et énergique (même si elle monte moins haut que celle de Rob Halford). Le solo part également en roue libre, moins vite que les gratteurs de JUDAS, mais sans aucun démérite. Le quintette accélère encore avec un riff plus tranchant encore pour Dark Life. La voix se pose de façon encore plus agressive. A nouveau la comparaison avec les Anglais s’impose. Bon, soyons honnête, c’est moins flamboyant que l’original et même que le clone PRIMAL FEAR, mais ça tient la route et plutôt bien. La preuve par un solo de toute beauté.
Entrée en douceur pour No Saint - No Sinner, un riff s’impose lentement puis les guitares se déchaînent. Une grosse rythmique carrée vient construire un mur de son sur lequel le chant prend appui. Le refrain permet à toute l’équipe de se déchaîner. Un sympathique solo vient agrémenter l’ensemble de ce titre qui a un léger parfum passe-partout (comprenez ‘commercial’). Par contre pour Where Your Actions Lead You To Live, le groupe rentre directement dans le vif du sujet, rythmique rapide, riff acéré, chant énergique. Les musiciens explosent, la batterie martèle les fûts comme si la survie des artistes en dépendait, la basse et les guitares l’accompagnent pour mieux introduire un chant rapide et costaud. L’alternance couplets-refrains nous conduit à un solo court mais époustouflant. Un titre qui résonne comme un contrepoint à la plage précédente.
A nouveau la comparaison avec la bande à Halford s’avère de rigueur pour A Life On Hold. Chant énergique sur des riffs costauds soutenus par une rythmique d’enfer. Impossible de rester de marbre face à un tel déferlement de sons Metal qui nous rempli la tête du début à la fin. Introduction modérée sur My Own Hell, le groupe décide de terminer par un mid-tempo hyper lourd et envoûtant.
Bref, si la comparaison avec JUDAS PRIEST est de rigueur et évidente, et même s’il faut reconnaître que BRAINSTORM ne démérite à aucun moment, le groupe souffre de la concurrence de cet autre clone qu’est PRIMAL FEAR. On ne s’ennuie jamais et les musiciens se démènent à fond, les compositions tiennent la route (il n’y a pas de secret quand on veut afficher une telle longévité) et cet album devrait facilement séduire les fans du groupe. Cependant il faut reconnaître que BRAINSTORM s’avère moins aboutit que son illustre modèle. Mais bon, quand on place la barre aussi haut, il ne faut pas s’étonner de ne pas y arriver totalement. Une chouette confirmation de la bonne santé du groupe néanmoins.
Mr Spok