VIRGIN STEELE a vu le jour au début des années ’80 par la rencontre entre le guitariste Jack Starr, d’origine française, et le batteur Joey Ayvazian. Ils trouvent la perle rare en la personne du chanteur David DeFeis. En trois semaines, ils enregistrent leur première démo qui devient aussi tôt un album fabuleux : VIRGIN STEELE qui sort en 1982. L’année suivante, la seconde galette GUARDIANS OF THE FLAME termine la première époque du groupe puisque le guitariste Jack Starr met les voiles parce qu’il ne supporte plus le chanteur. Les deux artistes ont une vision différente du Metal, le gratteur préfère des attaques sèches tandis que DeFeis tient à souligner le côté épique de la musique. Le groupe se fait alors assez discret par comparaison à son démarrage sur les chapeaux de roues et subit de nombreux changement de line-up, le nom restant la propriété du chanteur suite à une décision de justice. Ainsi, en quelque sorte libéré de l’optique de son soliste, le groupe se lance sans aucune retenue dans des aventures épiques qui évoquent la mythologie grecque et la religion chrétienne. Ce qui, en dehors des disques ‘simples’, nous donne des concepts qui s’étalent sur deux albums, ainsi THE MARIAGE OF HEAVEN AND HELL, 1ère partie en 1994 et seconde en 1995. Puis ce sera THE HOUSE OF ATREUS, 1er acte en 1999 et 2ème acte en 2000. Puis la formation prend une longue pause, pour revenir en 2006 avec VISIONS OF EDEN et ce THE BLACK LIGHT BACCHANALIA en 2010.
Que dire à l’issue de l’écoute de cet album, sinon que le groupe colle toujours à son nom : STEELE. Donc, c’est du Metal symphonique du meilleur aloi (heu, on en conviendra facilement, il s’avère assez difficile de croire qu’ils sont encore VIRGIN, surtout après trente ans de carrière dans notre domaine de prédilection). Un rédacteur paresseux se contenterait de cette conclusion facile, apte à convaincre les fans purs et durs du groupe qui n’ont pas besoin de nos élucubrations pour se décider. Mais la tâche de scribouillard qui est la notre nous tient à cœur. Embarquez pour un voyage au pays de l’imaginaire, en compagnie de VIRGIN STEELE.
C’est un chant très proche de MANOWAR qui ouvre les hostilités. Tant et si bien que lorsque BY THE HAMMER OF ZEUS (AND THE WRECKING BALL OF THOR) commence, on a l’impression de s’être trompé d’album. Ce roublard de DeFeis nous attend aux entournures et a tôt fait de nous emmener dans une déferlante de riffs, de chants (au pluriel tant il module sa voix). Assez éthéré, le chant va peu à peu prendre de l’ampleur et se faire plus agressif. Bref, un long voyage symphonique de plus de huit minutes. Pagan Heart nous offre aussi une plongée dans un maelström d’ambiances sans arrêt changeantes (par moment on pense aux DOORS, puis ce sont les guitares qui se font arabisantes, c’est dire). Ainsi, le côté épique de VIRGIN STEELE lorgne donc par moments vers le Prog. Le tout avec de superbes interventions des 13 cordes (les 6 de Edward Pursino et les 7 de Josh Block). Petit intermède sec avec un très direct dans la tronche The Bread Of Wickedness qui s’ouvre sur des chœurs avant de balancer un riff rageur et de gros coups sur les caisses de la batterie. Le chant plus virulent contraste avec la sérénité des chœurs. Efficace.
Retour au symphonique avec In A Dream Of Fire. Introduction lente suivie d’une mise en place progressive des instruments et de la voix, la guitare est discrète, une ligne de piano accompagne le chant. Les guitares en retrait refroidissent un peu notre enthousiasme et le morceau tarde à vraiment démarrer. Le Nepenthe (I Live Tomorrow) qui suit possède les mêmes qualités, mais aussi des tares identiques : il met un peu trop de temps à démarrer. Pour mieux marquer la filiation avec un rock assez progressif, on sent une ressemblance avec JETHRO TULL. Un mid-tempo séduisant mais sans plus.
Les pendules se remettent à l’heure par le riff énervé qui démarre The Orpheus Taboo. Dommage encore une fois que la voix en soit pas plus directement agressive, d’autant plus regrettable que la rythmique carrée sied généralement parfaitement à des ouragans vocaux. Heureusement que la durée du titre permet aux déferlantes de trouver leur place dans cette épique pièce montée.
Introduction en mid-tempo à l’électricité pour To Crown Them With Halos, un piano fait une courte apparition, puis la guitare reprend la place principale avant de céder définitivement la préséance au clavier. Enfin tous les instruments rentrent ensemble dans la dance. Par moment, on pense à ANGRA, tandis que la voix monte dans des contrées halfordiennes et que les guitares adoptent des riffs maideniens. En clair, arrivé à mi-chemin, la sauce a pris, le titre a pris son envol et la tension ne faiblira plus. Soulignons au passage l’excellent travail du marteleur de fûts de service Frank Gilchriest qui à son habitude jongle entre les différentes ambiances musicales qui s’égaient au fur et à mesure du déroulement du morceau.
Entrée en la matière modérée au niveau du tempo, mais électricité à tous les étages pour The Black Light Bacchanalia. Appliquant à merveille les recettes déjà évoquées ici, il s’avère finalement que cette plage captivante soit devenue le titre de l’album, car certainement il s’agit là d’une des plus abouties. Les guitares ressortent magnifiquement, la mélodie s’avère envoûtante. Courte respiration dépourvue d’électricité pour The Torture’s Of The Damned.
Pour les deux longues plages qui suivent, neuf minutes chacune, Necropolis (He Answers Them With Death) et Eternal Regret, le groupe souffle le chaud (l’énergie, l’électricité, de brusques accélérations) et le froid (ralentissement, temporisation éthérée) avec son éloquence habituelle. Et ceci conclut la première galette, l’édition simple de l’album. Tandis que le 2ème CD bonus contient trois titres supplémentaires. Pour leur part, When I’m Silent (The Wind Of Choices) et Silent Sorrow pourraient sans aucune honte figurer aux côtés des titres du premier CD tant ils alignent les mêmes qualités (et des défauts identiques aussi d’ailleurs, ça c’était pour la seconde de médisance).
Passons outre la plage From A Whisper To A Scream qui retrace la biographie du groupe sur une durée de 30 minutes. Beaucoup de mots et d’extraits, mais ces longues minutes n’intéresseront que les fans purs et durs, et il faut vouloir se le farcir. Bref, un disque Bonus qui s’avère d’un intérêt plus que limité.
En conclusion, cet album qui va satisfaire les fans, peinera à en convaincre d’autres. La voix de David DeFeis ne lorgnant pas assez vers les vocalises en puissance et se modulant de façon trop souvent tempérée, ce qui s’avère d’autant plus regrettable que lorsqu’il part en vrille, sa voix est parfaite. Le côté hyper travaillé des compositions rebutera également ceux qui fuient le Prog. Par contre, les amateurs de pièces à tiroirs et d’ambiances symphoniques seront aux anges.
Mr Spok