SINNER est le premier groupe du bassiste MAT SINNER qui officie aussi à la tête de PRIMAL FEAR, ce dernier s’engouffrant dans une voie judaspriestienne a rapidement connu un succès supérieur à la formation qui nous intéresse maintenant. Bref, au milieu des années 80’, le brave MAT fonde donc un groupe à son patronyme. La formation officie dans un hard rock de bon aloi. Pas super génial ni vraiment original, mais franchement efficace. Malgré des interruptions fréquentes, le bassiste n’a jamais déposé les armes, et son groupe nous livre donc régulièrement des galettes de bonne facture. Trois ans après Crash & Burn, SINNER nous offre donc la dernière prune du barillet : One Bullet Left. Pour entourer le bassiste-chanteur : ALEX BEYRODT, CHRISTOF LEIM et ALEX SCHOLPP aux guitares, et ANDRE HILGERS à la batterie.
Chant commercial, chœurs destinés à être repris à tue-tête par le public, l’album s’ouvre sur un The One You Left Behind classique mais de bonne facture, avec une guitare assez énergique pour attirer notre attention, un solo sympathique vient d’ailleurs confirmer le côté classique de cette mise en appétit. Avec Back On Trail, on replonge en plein dans les années 70, un rock carré que ne renieraient ni CHEAP TRICK, ni TRIUMPH, ni THIN LIZZY (pour ne citer qu’eux). Donc, une plage bien sympathique avec un gros riff et un chant posé.
Le riff se fait plus vindicatif sur Give & Takecomme si le guitariste avait décidé tout d’un coup de laisser ses doigts en roue libre sur le manche. D’ailleurs MAT SINNER lui emboîte le pas au chant avec une voix posée de façon plus agressive, tant et si bien qu’on a l’impression d’être en présence d’un autre groupe. Et sur le solo, c’est carrément un ouragan de notes, qui termine sur une mélode moins accélérée, mais largement soutenue par une batterie royale. Bref, ça dégage et ça surprend.
La batterie ouvre la voie de la plage titulaire, soutenue par des « ou ou ou » efficaces, ceci n’étant pas innocent, la batterie étant l’ossature du titre. C’est alors que le groupe s’engouffre dans un mid-tempo costaud souligné par un riff bien lourd. Le chant est à l’image du titre précédent, les chœurs sont beaucoup plus présents, la batterie se met en évidence par de nombreux roulements qui ressortent particulièrement bien tout au long du morceau. Le solo est aéré, dans un registre clair sans prétendre aux accélérations.
Gros déferlement d’énergie pour lancer 10 2 Death. Batterie, guitares, basse et chant se conjuguent pour combiner leur puissance. Le tout culmine par un solo court mais particulièrement enflammé et inspiré alors que l’ami MAT s’égosille joyeusement. Petit pause avec la ballade de rigueur Haunted où les couplets nagent dans l’acoustique tandis que l’électricité reprend ses droits lors des refrains. Un solo mélancolique et clair qui s’étire assez longtemps pour introduire un dernier refrain. Bref, le contrat type du slow estampillé ‘Metal’.
Après cette pause, il est normal que les guitares nous assènent un gros riff, soutenues par un tempo bien carré et un chant sec. Les Atomic Playboys ont tout pour séduire les fans de hard rock. De judicieuses interventions des guitares qui viennent épicer le chant. Des chœurs qui poussent les jambes à se défouler. Un petit break pour calmer l’atmosphère et puis on repart en fanfare dans un solo qui s’éternise. Un dernier refrain pour marquer le point, jeu set et match. SINNER n’a rien inventé mais il sait nous prendre par les sentiments. Le groupe enchaîne alors avec un Suicide Mission nettement plus commercial, un peu décevant quand même car avec un titre pareil, on aurait du avoir une bombe thermonucléaire et non pas ce titre, sympathique certes, mais qui évolue un peu trop dans un registre FM. La formation poursuit dans cette veine avec Wake Me When I’m Sober. Un deuxième titre un peu mou donc.
La bande corrige le tir avec le riff percutant de Mind Over Matter. Le chant adopte un tempo modéré lors du couplet. Mais les guitares sont royales grâce à leurs nombreuses interventions subtiles et judicieuses. Quant à elle, la voix se fait virulente lors du refrain. Le solo confirme tout le bien qu’on pensait du morceau lors de son intro. Ne changeant pas une formule gagnante, la bande à MAT enchaîne avec Mend To Be Broken qui officie dans le même registre énergétique avec solo interminable.
La formation clôture l’album par un Rolling Away qui lorgne vers une ambiance plus modérée, reprenant un tempo ralentit et n’appuyant que légèrement sur l’accélérateur. Il aurait été plus avisé de choisir un titre plus percutant pour fermer la galette. En bref, c’est carré, classique et sympathique, bien foutu mais pas franchement extraordinaire, l’album manquant de titres frappadingues exceptionnels. On ne sera assurément pas déçu, mais c’est tout.
Mr Spok