Certains artistes ont de la suite dans les idées, les suédois Herman Furin (batterie) et Robert Sall (guitares et claviers) ont fondé les bases de leur groupe en 1992 alors qu’ils traînaient encore sur les bancs de la SÖL (school of music). Et ce n’est qu’après 15 ans d’acharnement qu’ils ont réussi à convaincre le chanteur Lars Sarfsund de joindre ses cordes (vocales) aux leurs. En janvier 2007, ils sortent leur première démo qui leur attire une renommée certaine parmi les amateurs d’AOR. Cette réputation leur permet de décrocher un contrat et donc de nous livrer, aujourd’hui, le fruit de leur travail.
Riff et rythmique endiablée mais pas frénétique pour ouvrir The Rain, le groupe démarre en fanfare. Claviers, guitares et chants ont chacun leur espace pour s’exprimer, aucun instrument ne prenant la préséance sur les autres, si ce n’est la guitare royale qui se déchaîne dans un fabuleux solo. Poursuivant dans le même registre, le trio nous offre un Nature Of The Game où une très discrète nappe de clavier se devine derrière un sympathique riff incisif. Le titre connaît un léger ralentissement qui annonce le solo. Les doigts défilent sur le manche avec énormément de limpidité, comme si le guitariste préférait éviter toute fioriture inutile.
Le groupe lève le pied pour une ballade mid-tempo Once Again un rien mélancolique. De quoi nous surprendre par le très Toto-Yes-ien Never Love Again. Riff carré, voix agréable, chœurs aériens, batterie sèche et précise, le titre a vite fait de prendre le contrôle de vos jambes qui se mettent à battre la mesure. Le trio se fait plus sec pour Eye Of The Storm sans fondamentalement changer de formule, de judicieuses interventions de claviers ou de guitares épicent les couplets et les refrains. Une bifurcation ouvre la voie pour un solo de guitare toujours aussi clair et limpide. Efficace.
Clavier aérien, guitare éthérée, batterie discrète et basse toute en finesse pour une ballade agrémentée de-ci, de-là, de coups de distorsions. Until You Believe remplit son office sans faire de vague inutile mais aussi sans lasser.
Ambiance un rien progressive, style GENESIS, en introduction avant que ne retentisse un riff tranchant bientôt rejointe par le chant et une nappe de clavier. Les guitares et la rythmique donnent une impulsion nettement rock à The Great Fall qu’on devine taillé pour la scène. Le solo permet aux doigts de Robert Sall de se déchaîner sur le manche et de faire parler la poudre. La plage suivante Call On Me fait redescendre la tension, sans tomber dans un gouffre soporifique, bénéficiant d’un tempo assez soutenu qui met en évidence un chant tempéré. On reprend l’autoroute avec un Emelie au rythme plus endiablé, un titre bien accrocheur et efficace. Sans surprises mais sans lassitude, le refrain fini par s’imprimer dans la tête. Nouvelle ballade mais formule inchangée avec Fall Down, pour amateurs uniquement.
Guitare sèche pour l’introduction de Castaway, ce qui permet à la voix de Lars Sarfsund de mieux posséder la totalité de l’espace sonore. L’électricité fait bientôt son apparition et le titre prend son envol. La six-cordes se déchaîne, comme elle ne l’avait pas encore fait jusqu’à présent, sans conteste, le titre le plus intéressant de l’album. Le solo permet au guitariste de se défouler comme si on l’avait enfermé et qu’il venait enfin de voir la lumière du jour. Ce titre aurait représenté une excellente façon de terminer l’album, mais le groupe nous sert avec One Step Away un autre mid tempo alternant le chaud et le froid, titre sympathique un peu inutile, même s’il n’est pas désagréable, surtout que son solo vaut le détour. Dommage de n’avoir pas interverti ces deux plages pour finir sur une claque à la Cyrano de Bergerac, du style « à la fin de l’envoi, je touche ».
Pardonné cette faute de goût, force est de reconnaître que dans le genre Adult Oriented Rock, WORK OF ART s’en tire plutôt magistralement. Pas indispensable pour un sou, mais bien sous toutes les coutures.
Mr Spok