Au rayon des Tonnerres, on trouve donc dès à présent THUNDERSTONE, fondé en 2000 par le guitariste NINO LAURENE. En dix années d’existence, ce qui était au départ un projet supplémentaire dans un emploi du temps bien rempli, a fini par devenir un groupe à temps plein qui a déjà sorti 4 albums et connus de sérieux changements de line-up, le tout agrémenté de tournées avec des passages à la Mecque du Metal qu’est WACKEN, et la participation de stars de la six-cordes aux albums, tels TIMO TOLKKI de STRATOVARIUS et MICHAEL ROMEO de SYMPHONY X. Bref, tout comme le nom ne fait pas dans l’originalité à tout prix, l’histoire du groupe relève aussi d’une forme de scénario classique. Aujourd’hui, c’est donc une nouvelle formation, composée du sieur LAURENE déjà cité, de RICK ALTZI au chant, de TITUS HJELM à la basse, de JUKKA KARINEN au clavier et de MIRKA RANTANEN à la batterie qui nous sort un cinquième album sobrement intitulé Dirt Metal.
Passons sur la première plage, Rebirth, une introduction du genre bruitage inutile pour se focaliser sur la suite. Ainsi donc, I Almighty nous offre un Heavy Metal classique, mais quand même trop conventionnel. Oui, les riffs sont carrés, la rythmique soutenue, la voix mélodique et puissante à la fois, quelques breaks judicieusement disséminés permettent de justes variations au sein d’un seul titre, donc un interlude au piano. Mais, il manque quelque chose pour que la sauce prenne. Donc un début pas spécialement accrocheur.
La plage titulaire heureusement dissipe nos doutes. Riff incisif, rythmique bien carrée de genre Panzerdivision, chant plus agressif que mélodique sans verser dans les hurlements incompréhensibles. Solo clair, mais dans la lignée de Cyrano de Bergerac, du genre « Ha non, c’est un peu court, jeune homme !! Donc, c’est direct, carré, efficace. Mais encore une fois, sans âme malgré les efforts, qu’on devine sincères, du quintette.
Tempo moins direct pour Blood That I Bleed. Le chant est toujours aussi présent, la guitare occupe son espace sonore sans pour autant tout attirer sur elle. La rythmique assure des fondations en béton armé. Efficace également, malgré une recette conventionnelle. Petit détour vers des horizons slayeriens avec une batterie lorgnant vers DAVE LOMBARDO, un riff réduit à sa plus simple expression et une voix plus agressive que mélodique, surtout lors des couplets. Un changement d’ambiance bien déroutant mais pas désagréable pour un sou. Ainsi Star nous sort de la torpeur qui était en train de nous gagner. Les hurlements présents aux deux tiers de la plage nous donnent l’impression qu’on a changé de disque.
Riff en accéléré pour l’introduction de Ghosts Of Youth, dommage que cet excès de vitesse ne soit pas conservé sur toute la durée de la plage. Les différentes modulations en son sein, nous refroidissent, dommage, une bombe qui éclate sur toute la durée aurait été préférable à cette déplorable impression de ralentissement. La plage qui suit ne nous réveille guère plus, Counting Hours ne doit son intérêt qu’à un long et frénétique solo de guitare. Mais entourer un diamant de guimauve ne relève pas nécessairement de la bonne idée.
Enfin, le riff qui tue, le titre qui va nous éclater la tête, nous ramoner les pavillons auditifs, Dodge The Bullet commence par un riff frénétique d’une main qui a des fourmis dans les jambes de chaque doigt. Mais, encore une fois, on a l’impression que le groupe veut absolument éviter les excès de vitesse, par crainte du gendarme ou du contrôle d’alcoolémie. Et on se retrouve encore une fois avec des passages tempérés. Heureusement que le solo, franchement efficace, du genre qu’on aurait aimé retrouve plus souvent sur cette galette, nous fait passer plus qu’un bon moment.
Le ralentissement impulsé par Deadlights n’est pas spécialement du meilleur effet non plus. Sur At The Feet Of Fools nous propose encore une fois une belle entrée en la matière desservie par une baise de régime qui devient malheureusement presque une marque de fabrique. C’est toujours la même recette, un cuistot qui fait redescendre la pièce montée avec trop d’enthousiasme. Dernier titre de plus de huit minutes, Suffering Song porte bien son nom, il ajoute une tranche de torture à notre souffrance, lent et soporifique il lui faut plus d’une minute pour démarrer mais sans jamais vraiment décoller.
L’impression qui se dégage de chaque titre de cet album est souvent identique : bien mais déjà entendu mieux ailleurs. Les nombreux ralentissements viennent régulièrement refroidir une ardeur naissante, ce qui s’avère plutôt déplaisant et profondément lassant sur toute la durée de l’album. Finalement, THUNDERSTONE est un patronyme judicieux, on attend le tonnerre mais on ne le voit pas, et quand on pense voir l’éclair de génie, il manque le son, ce qui n’est pas vraiment ce qu’on recherche. Bon, j’arrête là ma seconde de médisance, l’album est au moins bien produit. Mais c’est à peu près tout.
Mr Spok