Que voici un sextette suédois bien sympathique. Six gaillards qui ont décidé, depuis 2004, de rendre gloire à un Metal bien costaud qu’ils qualifient eux-mêmes de « Power ». Et on ne va pas les contredire d’ailleurs. Leur première galette intitulée Nosferatu est sortie en 2006, suivie de près par Book Of The Dead en 2007 et Tabula Rasa en 2009. La bande est actuellement constituée des frères OLSSON aux guitares (Tomas et Henrik), de Anders BROMAN à la basse, de Fredrik BERGH aux claviers, de Pelle ÅKERLIND aux fûts et de Patrik "Pata" JOHANSSON au chant.
Introduction feutrée qui laisse un riff sympathique prendre possession de l’espace sonore pour se voir rejoindre par des chœurs, puis un chant agressif. Moria vient d’ouvrir l’album. On se croirait presque chez RUNNING WILD, quand la rythmique carré, classique et efficace se fait entendre. Le titre démarre et tous les instruments sont en places, de judicieuses interventions des guitares nous chatouillent les tympans. Le refrain se veut entraînant, du genre, à reprendre en Live. Le titre s’achève sur les chœurs sans les instruments. Une bonne introduction qui donne envie de passer à la suite.
Pour Drop The Bomb, le riff se veut plus rude, un mini-solo accompagne l’introduction. On se rapproche du Thrash. Rythmique toujours aussi carrée, chœurs toujours aussi présents. Le refrain se veut magistral avec le chant principal, les chœurs et les riffs qui envahissent ensemble sans se marcher dessus le spectre musical. Et ce mur de Metal nous accompagne jusqu’au solo, impeccable. On pense aussi un peu à SABATON dans l’optique guerrière et martiale de la rythmique, et du titre, bien sûr.
Petite introduction qui a un air « maidenien » pour un titre un peu plus mélancolique The Ones We Left Behind, mais qui ne fait pas l’impasse sur l’énergie. L’attaque des cordes de la guitare donne un air assez thrashy aux riffs. Encore une fois, les refrains sont remplis de chœurs. Et les fondations de se baser, comme d’habitude, sur une rythmique basse batterie bien solide. La parenté avec la Vierge de Fer se vérifie dans le solo de guitare, qui bénéficie d’un son clair, et adopte un rythme rapide sans vouloir rivaliser avec le TGV.
Le groupe appuie sur le champignon pour Reflections Of Evil qui lorgne cette fois-ci du côté de HELLOWEEN, confirmant que BLOODBOUND sait nous prendre par les sentiments. A nouveau, les refrains sont faits pour être repris en live par une foule en délire. Et le solo de guitare est destiné à faire sortir les paraplégiques de leur fauteuil roulant. Irrésistible et donc très, très, efficace. Après cette tempête, le groupe change d’ambiance avec In For The Kill qui lorgne plutôt du côté de RUNNING WILD, avec un riff plus incisif et agressif, mais moins rapide. La rythmique installe des fondations de béton avec du Metal (armé bien sûr) sur lesquelles viennent se greffer un chant énergique et de judicieuses interventions de la seconde guitare. Un break parlé en clin d’œil vers le septième fils du septième fils de qui vous savez, avant que n’éclate le solo.
Et voilà que l’atmosphère est à nouveau à la vitesse, Together We Fight avec sa thématique « manowarienne » fleure également bon la bande à Andy DERIS par des guitares magiques qui se complètent magnifiquement (y’a pas à dire, entre frangins, on se comprend plus facilement, ça aide, dans le cas présent, ça s’entend même très bien). Le titre est long, notre bonheur également. Toujours le pied à fond sur l’accélérateur, BLOODBOUND nous assène un The Dark Side Of Life où le premier solo, magistral, se fait entendre après à peine une minute. Une nappe de clavier très discrète titille nos oreilles, les refrains appellent à la participation de tout un chacun avant qu’un deuxième solo hyper rapide mais passionnant vienne nous mettre le feu dans le cerveau.
Après tant de sollicitations de nos vertèbres cervicales, nos cheveux ont bien le droit de se reposer un peu. « Halte aux cadences infernales » s’exclament nos terminaisons capillaires, heureusement, mieux qu’un syndicat acharné à la défense des métalleux, Brothers Of War avec sa guitare sèche, nous offre une ballade que ne renierait pas le METALLICA de Fade To Black. Comprenez que même si la guitare sèche est reine, l’électricité possède aussi un droit de citée, et que les autres instruments, malgré une certaine discrétion affirment aussi leur présence. Ainsi donc, le groupe nous offre un moment salutaire de respiration avant de poursuivre.
Il est clair qu’avec un titre tel Message From Hell, on ne va pas se retrouver dans la bluette destinée à séduire une représentant du sexe dit ‘faible’. Encore une fois, la complicité des guitaristes fait mouche, les riffs sont rapides, la voix agressive à souhait, les refrains simples et efficaces. Une franche réussite pour ceux qui apprécient le metal teuton. Les deux dernières plages que sont In The Dead Of The Night et Unholy Cross ne viennent jamais démentir tout le bien qu’on pense de BLOODBOUND. D’ailleurs, là où d’autres terminent sur une note intimiste, ils lâchent les chiens et font toner l’artillerie lourde. Vous reprenez tous les arguments positifs des titres précédents, vous les mixer, et vous savez à quoi vous attendre (ça c’est le côté paresseux du journaliste qui reprend le dessus).
Alors, évidemment, les premières places du podium sont déjà occupées par les formations références citées dans cette critique. Mais à aucun moment, on n’a l’impression que BLOODBOUND usurperait une seconde place. Non seulement, ils ont parfaitement retenu toutes les leçons de savoir vivre des formations qui les ont inspirés, mais en outre, ils arrivent à les appliquer sans qu’on crie au vulgaire plagiat ou à la copie sans âme. Bref, il suffirait que les six lascars aient l’occasion de jouer en nos plates contrées pour qu’on puisse juger sur pièce. En attendant, vous avez largement de quoi vous rincer les tympans et c’est pas du jus de chaussette, mais un fabuleux nectar.
Mr Spok