Formation allemande qui a vu le jour en 1998 dans la région de Stuttgart, SYMPHORCE exprime par son nom le rapprochement de deux notions bien distinctes, mais cependant parfaitement complémentaires, du Heavy Metal : le côté symphonique et l’aspect énergique. Le quintette s’articule autour du chanteur Andy B. FRANK et du guitariste Cédric ‘CEDE’ DUPONT. Le batteur Steffen THEURER, le bassiste Denis WOHLBOLD et le six-cordiste Markus POHL se chargeant de compléter ce duo de choc qui préside le destin du groupe. Dès la sortie de leur première galette TRUTH TO PROMISES en 1999, les musiciens embarquent dans une tournée avec MERCYFUL FATE. Ce qui leur ouvre l’appétit et ils nous balancent SINCTUARY en l’an de grâce 2000. Changements de personnels et de label, le groupe ralentit, enfin, façon de parler, le rythme des sorties : PHORCEFULAHEAD en 2002 et TWICE SECOND en 2004. Bref, comme vous pouvez le constater, le groupe affectionne la juxtaposition de termes. Mais comme de joyeux trolls qui ne tiennent pas en place, les gaillards s’en vont tourner avec, entre autres, KAMELOT, GRAVE DIGGER. Le groupe décide de placer la barre encore plus haut et s’en va travailler avec le très renommé producteur DENNIS WARD (Angra entre autres). Ce qui nous livre un GODSPEED de belle facture, suivi d’une tournée avec SONATA ARCTICA aux USA. En 2007, le groupe poursuit sa collaboration avec WARD pour une nouvelle galette royale BECOME DEATH. Et en 2009, ils signent chez AFM Records, UNRESTRICTE’ est le premier album sous ce label et est clairement une bombe. Désireux de préserver la santé de lecteurs de notre site, nous avons expédiés une équipe de démineurs sur place.
Une gentille introduction en trompe l’œil, quelques notes de piano sobrement distillées et puis le piège, un gros riff bien Metal, une voix un rien malsaine. The Eternal ouvre les hostilités. On pourrait croire que ça sent le prog, mais en fait, ça sent beaucoup plus le souffre. Heureusement pour les allergiques aux débordements alambiqués, ici, on reste dans le digeste, car c’est clairement le côté souffre explosif qui domine. Les guitares sont discrètes quand le chant s’impose lors des couplets, mais se font magistrales entre eux. On se croirait presque dans le premier album de JUDAS PRIEST avec TIM ‘Ripper’ OWENS. Les refrains et chœurs adoptent un ton modéré pour mieux faire ressortir les explosions qui suivent et qui finissent par introduire un bon gros solo bien lourd où les guitares s’en donnent à cœur joie. Le titre se termine par le piano qui vient conclure.
Traîtreusement, les cinq pyromanes nous ont fait croire que le tempo modéré de la première plage allait dessiner une ligne de conduite pour la totalité de l’album, et voilà qu’ils nous assènent un violent et fourbe crochet : Until It’s Over démarre au quart de tour avec de grosses guitares, une rythmique bien carré, la voix qui se fait plus virulente. Irrésistible, le titre est répété à l’infini comme une tornade qui vous soulève du sol et ne vous y redépose que vidé de votre énergie. Les vertèbres cervicales et les jambes se mettent à bouger à l’insu de votre plein gré. La voix de Andy B. FRANK fait merveille, à la fois puissante et mélodique, un timbre qui ressort magnifiquement entre les répétitions du titre.
Les guitares se font lancinantes pour Sorrow In Our Hearts, qui encore une fois permet au chanteur de moduler son phrasé, passant du ‘presque parlé’ au ‘presque hurlé’. A nouveau, le mid tempo du titre sert de mise en exergue d’un solo aussi long qu’imaginatif, un solo qui marque également une accélération par rapport au reste du titre. Drôle d’introduction que celle de Whatever Hurts, on se croirait face à un vieux piano électrique pourri pour enfants des années ’70. Passé cette surprise, ce sont les guitares qui s’imposent dans l’espace sonore. Les arpèges s’en viennent soutenir une voix modérée avant l’éclatement du refrain où la seconde guitare se fait plus présente, accompagnée d’une rythmique carrée mais bien solide. La recette ‘passage lent et calme puis accélération puissante’ fait des étincelles. Classique, mais terriblement efficace.
Introduction à la JOHN CARPENTER (le cinéaste qui compose ses propres musiques pour ses films) pour annoncer l’accélération des riffs et de la rythmique de The Waking Hour où la voix prend des intonations ‘halfordiennes’ imparables qui optent aussi pour des tournures plus ‘dickinsonniennes’. C’est vous dire si l’organe du chanteur est vraiment mis à l’avant. Ce qui ne veut pas dire que les quatre autres lascars sont délaissés dans leur coin, que du contraire, les guitares se déchaînent, la batterie hurle et la basse trépigne. Du grand art quoi.
Pas d’introduction spécifique, mais directement un bon gros riff pour Visions. Encore une fois, le tempo généralisé est rapide mais pas trop furieux. A nouveau la dichotomie de ton entre le chant principal et les refrains donne un relief supplémentaire à la chanson. Un premier solo magnifique vient nous rincer les tympans avant que la mélodie principale reprenne de plus belle jusqu’à un break un rien techno qui ouvre la voie au solo principal du morceau, qui nous conduit magistralement jusqu’à la fin, sans nous permettre de reprendre notre souffle.
Accélération du riff pour The Last Decision avec une voix très agressive sur une rythmique plombée. Les guitares, la basse et la batterie sont déchaînées, la comparaison avec JUDAS PRIEST est quasi évidente tant le titre dégage. Le surplus d’énergie se déverse dans nos tympans pour notre plus grand bonheur. La plage est concise et va à l’essentiel. C’est un assaut brutal mais rudement efficace. Des sirènes nous alarment en introduction de The Mindless, le chant opte d’emblée pour des intonations inhabituelles, lorgnant du côté gothique voire new wave avant de reprendre une modulation plus Metal. Sur un tempo envoûtant plus modéré, le titre évolue dans un registre qu’on pourrait qualifier de mystique, avec une présence non négligeable d’enregistrements de voix. Radicalement différente de ce qui précède, le titre joue aussi sur sa longueur pour mieux imposer son ambiance.
Après une introduction ‘maidennienne’ qui a un petit air de Tailgunner, c’est une voix bien modérée qui vient contrebalancer les guitares toutes en énergie de Worlds Seem To Collide. A nouveau, le chant passe d’un ton à l’autre, accompagnant les soubresauts dignes de montagnes russes du titre : ralentissements – accélération. On respire, on fait le plein d’oxygène avant de souffler un grand coup avec une brusque montée de l’énergie et de l’adrénaline.
Les doigts des guitaristes se déchaînent sur les premières notes de Do You Ever Wonder, et une rythmique toujours aussi carrée qu’efficace pousse l’auditeur au headbang.
En conclusion, incontestable vedette de cette fabuleuse galette, la voix de Andy B. FRANK bénéficie d’un support permanent de mélodies justement assénées par des musiciens talentueux. Sans jamais en faire trop, l’album possède une durée du genre « vinyle », le groupe va à l’essentiel et chaque titre vous donne l’envie de passer au suivant. La volonté du groupe de ne pas pousser trop sur l’accélérateur mais de privilégier les mélodies est évidente, ils ne s’appellent pas SYMPHORCE pour rien. Malgré les similitudes avec les grosses pointures du Metal, jamais les cinq musiciens ne peuvent être taxés de copieurs. De plus, au rayon énergie, on est servi. Tant et si bien qu’à la fin, on se réécoute l’ensemble. Excellent.
Mr Spok