Les Anglais de VENDETTA, quatuor formé en 2006, nous livrent avec HERETIC NATION un deuxième album qui succède à un TYRANNY OF MINORITY sorti en 2007. Adpotant l’adage populaire qui spécifie qu’il faut battre le Metal tant qu’il est chaud et heavy, le chanteur-guitariste Edward Box, son complice de la six-cordes Pete Thompson, le bassiste Gary Foalle et le cogneur de fûts Lee Lamb, ont donc mis à profit les deux années qui séparent ces galettes d’acier trempé pour renforcer le côté acier trempé de leur musique.
Une entrée en la matière classique mais efficace, un bon riff qui rentre directement dans la tête, une voix mélodique mais avec un timbre agressif, une rythmique qui se fait efficace mais discrète pour laisser la voix et les guitares à l’avant plan. Bref,avec Delusion, c’est du classique de chez classique. Refrain qui rentre dans la tête, titre facile à retenir. Efficace, mais rien de bien transcendant, jusqu’au solo, deux guitares qu’on pourrait qualifier de Maidenienne si le mot était dans le petit Robert (ça va venir, je vous le dis). De joyeux débuts qui annoncent un sympathique voyage.
Avec Age Of Annihilation, on sent que la machine est en marche. Le tempo se ralenti pour le premier solo de guitare qui commence sur un ton un rien mélancolique. Le groupe est adepte de la rythmique très carrée. Formule qui semble quand même assez systématique. Et qu’on retrouve sur New Horizon qui voit le tempo se ralentir. Par contre, le titre explose par un solo qui n’en finit pas et que la vitesse modérée de l’ensemble met magnifiquement en valeur.
On reprend de la vitesse avec un My Revelation qui se donne des airs de JUDAS PRIEST. Bon, c’est pas tout à fait ça, grimper en division un n’est jamais facile, mais l’intention y est. L’instrumental Skaro ne manque pas d’atouts, démarrage bien lourd et puis commence le solo. Une courte pause où la rythmique s’impose, roulement de batterie et hop deuxième solo. Le chant est ici clairement remplacé par la guitare. A nouveau une simili pause, un break où basse et batterie se font hyper discrètes, puis doucement, la six-cordes reprend le dessus. Malheureusement, le titre n’arrive pas à tenir la distance de ces cinq minutes. Une belle tentative non aboutie.
Paradoxalement, la plage qui nous titille le plus les neurones, c’est A Glass Half Empty. En considérant qu’on préfère se focaliser sur la partie pleine, ce morceau-ci possède le petit quelque chose qui fait défaut chez les autres. Radicalement, la formule est la même, mais ici, la sauce prend. Comme si l’équilibre entre la rythmique carrée, le chant modulé, les interventions de guitare, le break lancinant, le premier solo clair et tempéré, le second plus tranchant et agressif, avait atteint un niveau inédit jusqu’à présent.
Continuant sur sa lancée, VENDETTA nous sort un Killing Time qui s’engouffre également dans un canevas éculé, mais ici aussi la sauce prend. A croire que le groupe s’est réveillé à la moitié de l’album. La guitare soliste est en plein délire et riff comme jamais. La guitare est également à l’honneur dans Face Your Demon. Par rapport au début de la galette, on a vraiment l’impression d’écouter un autre groupe, ces trois dernières compositions sont plus abouties, comme si le cuistot avait enfin trouvé l’équilibre entre la sauce, les féculents, les légumes et la viande.
Par la suite, à croire que plus de trois titres franchement explosifs représente une mission impossible, le groupe replonge donc dans ses travers et ses clichés. Les The Space Between et Powers That Be n’apportent rien de plus convainquant.
A défaut d’inventer la poudre, VENDETTA sait l’utiliser pour y mettre légèrement le feu. Alors évidemment, ce n’est pas un Hiroshima de Heavy Metal. On pourrait même dire que ce côté perpétuellement conventionnel devient quelque peu lassant. Bref, à défaut d’entraîner une adhésion totale, l’album s’écoute avec sympathie. Mais avec un patronyme pareil, on était en droit à s’attendre à quelque chose de plus musclé. En cette période d’examens, un professeur indulgent inscrirait la mention peut mieux faire tandis qu’un autre plus vache se contenterait d’un recalé sans appel. A vous le choix.
Mr Spok