Tout peut arriver grâce à la musique, ainsi NEVERLAND est un groupe gréco-turc qui se définit lui-même comme ‘Progressive Symphonic Melodic Metal’. Ceux qui ont eu la chance de les voir en première partie de JON OLIVA’S PAIN au Biebob peuvent témoigner que le plus important dans cette appellation contrôlée, c’est quand même le côté Metal. Le groupe s’est formé en 2006 suite à la rencontre de la chanteuse grecque IRIS MAVRAKI et du groupe turc DREAMTONE, une formation qui connaît une célébrité importante dans ses propres contrées, contredisant l’adage ‘nul n’est prophète en son pays’. D’ailleurs DREAMTONE a déjà pu profiter d’une large audience en participant aux tournées de pointures telles MEGADETH, DREAM THEATER et BLIND GUARDIAN. Tout ceci pour dire que les musiciens ne sont pas de simples débutants que cela s’entend.
Bref, on se retrouve face à une formation en Metal armé (c’est nouveau, ça vient de sortir) qui bénéficie de deux chants bien distincts IRIS MAVRAKI et OGANALP CATANAN et de deux guitares, ce qui est assez rare dans le Prog, ONUR OZKOC et BURAK KAHRAMAN. Ceci pour vous dire que les six-cordes, outre la présence des claviers de GUNEY OZSAN, sont quand même à la fête également. Et on termine par la section rythmique composée du batteur EMRECAN SEVDIN et du bassiste CAN DEGEKARGINOGLU.
La première plage This Voice Inside prend à mon sens trop de temps pour démarrer, ce que je considère presque comme un défaut, tellement le procédé est utilisé. Mais dès qu’on rentre dans le vif du sujet, c’est du bonheur, que ce soit le chant, les guitares, les claviers, chaque instrument a sa place sans déborder et sans trop en faire. Une parfaite illustration de réussite dans le subtil jeu d’équilibriste entre les composantes « Prog » et « Metal ». Et encore, on a parfois du mal à distinguer ce qui relève du « Symphonic » et du « Melodic », mais on ne va pas chercher la petite bête non plus. Le morceau reste dans la tête quand la mélodie s’arrête.
Pour Silence The Wolves, avec comme invité URBAN BREED, chanteur de PYRAMAZE, c’est le côté Prog qui est mis en avant sans que l’efficacité soit oubliée. Le chant s’impose rapidement, soutenu par les claviers. Chœurs imposants lors des refrains, moments de respiration, soli de guitare impeccable, le titre étale les différentes facettes du groupe avec une maîtrise insolente. Difficile de croire qu’on a ici affaire à un groupe dont les musiciens proviennent de contrées moyen-orientales, tant on est en terrain connu (pour ceux qui apprécient le genre bien évidemment).
La plage titulaire commence elle aussi par un amas de sonorités peu encourageantes. Heureusement, ça ne dure pas. Mais le mid-tempo adapté par le groupe, avec la nappe de claviers, aboutit à un ensemble où le mélodique, voir le mélancolique, prend le pas sur l’énergie. Donc, c’est clair que ce morceau ne convainc pas entièrement. Cette baisse de régime se poursuit avec l’acoustique Will Of God qui paradoxalement s’avère plus intéressant par la présence des deux voix. Titre franchement folk et absolument pas Metal, mais franchement plus passionnant que Ophidia.
On revient à un titre plus concret qui bénéficie de la présence d’un invité de marque en la personne de JON OLIVA, ainsi Invisible War relance l’intérêt de l’auditeur par l’importance accordée aux chœurs, conjointement à une structure nettement Metal, on y retrouve également des éléments folks moyenâgeux, lorgnant du côté de BLIND GUARDIAN de son Bard’s Song. Les instruments se profilent nettement, chacun assurant sa partie, parfois à l’avant, parfois partageant l’espace sonore avec d’autres. Ainsi une longue partie chantée qui accompagne le solo de guitare. Un morceau parfaitement abouti.
Sur Places Unknown, la filiation avec SAVATAGE se fait d’autant plus claire que c’est le piano qui accompagne la guitare sèche dès l’introduction. Et si l’électricité reprend ses droits rapidement sur les six-cordes, le piano reste présent tout au long du morceau. Les chœurs sont à nouveaux nombreux. Par moments, on pense même à GENESIS, c’est vous dire si on nage en eaux « Progressives ».
Un démarrage plus direct nous livre un No One Leaves The Hive où là ce sont guitares qui sortent du lot par de fabuleux soli. Même optique pour Speak To Me où elles donnent le ton dès l’introduction, même si c’est un chant plus tempéré qui s’envole. Passé l’introduction, la façon dont la voix est posée fait penser légèrement à un PARADISE LOST ou SISTERS OF MERCY, tandis que les chœurs font prendre une direction qu’on pourrait qualifier de « pop commerciale ». Un titre étrange donc qui mélange différentes influences mais ce mariage qu’on pourrait qualifier de contre nature ne manque pas d’un certain charme, bien qu’il puisse irriter certains.
Encore un invité de marque, puisque EDU FALASCHI de ANGRA vient chanter sur Ashes To Fall. D’ailleurs, on s’y méprendrait tellement le titre pourrait avoir été composé par la bande à RAPHAEL BITTENCOURT et KIKO LOUREIRO. Le problème ici malgré la qualité du morceau, c’est qu’on a l’impression d’être passé à un autre album. Encore une fois, un drôle de titre.
Le groupe ressert les boulons pour un Final Odyssey où l’on retrouve sa griffe qui nous avait tant séduits sur les premiers titres. Petit interlude piano chant avec The Forests Of Hope, ceci avant de nous asséner Dying Threads dont le début calme assure la transition avec la plage précédente. L’album se clôture par un instrumental Into The Horizon qui s’avère lui plus symphonique. A nouveau, le piano y a son heure de gloire et ce sans que les guitares ne soient oubliées. Titre très varié puisqu’on y retrouve également une petite griffe folk.
Un album assurément très riche, comme souvent dans le Prog, qui illustre une kyrielle d’influences, avec des invités prestigieux, mais qui n’est peut-être pas assez direct (en comparaison avec le Festival de JON OLIVA justement) pour convaincre entièrement. Dommage parce que sur scène NEVERLAND mérite le détour.
Mr Spok