Homeland est le second album des Allemands de RED CIRCUIT. Se mouvoir dans un metal de type progressif dans un pays où l’énergie et la puissance de riffs font office de standards obligatoires s’apparente donc à une gageure, voire une mission impossible. Mais comme on le dit « à cœur vaillant, rien d’impossible ». Le chanteur CHITRAL SOMAPALA n’est pas à proprement parler un inconnu puisqu’il a participé à des groupes tels FIREWIND et AVALON. Et c’est sa voix qui donne à ce groupe qui se qualifie de « progressif » un aspect nettement plus Metal que prog, ce dont on ne se plaindra pas d’ailleurs.
La plage titulaire de l’album ouvre les hostilités et malgré le fait qu’il n’y ait qu’une seule guitare, celle CHRIS MOSER, elle se taille la part du lion, les claviers de MARKUS TESKE nous offrant une nappe de soutient à la mélodie sans dévorer les riffs. Il serait d’ailleurs injuste d’oublier la section rythmique où officient TOMMY SCHMITT (basse) et ANDY KLEIN (batterie).
Changement d’ambiance avec The World Forgotten Sons qui sonne comme du NIGHTWISH, mais sans voix féminine. Passé l’introduction, le reste du titre étend largement le drapeau « progressif ». Alors oui, il s’agit d’un titre passe-partout et assez classique dans son ensemble, mais au moins, il ne s’étire pas en longues digressions prétentieuses et s’avère assez chouette, et même s’il n’arrive pas à nous séduire à la première écoute, la deuxième tentative s’avère fructueuse vu que le morceau nous reste alors en tête.
Le tempo se ralentit encore pour Sun Of Utopia. Qui contient quelques accélérations de bon aloi. Cependant, cette alternance de moments calmes et des passages furieux n’est pas vraiment un procédé neuf. Bon titre, mais sans grand originalité.
Mais le groupe repart sur les chapeaux de roues pour Through The Eyes Of A Child qui nous enflamme immédiatement. Encore une fois l’équilibre entre les différents instruments est parfait et ce sont des riffs bien costauds qui sont mis à l’avant plan. Ce qui ne veut pas dire que les autres instruments sont délaissés, que du contraire. La voix de CHITRAL SOMAPALA s’envole parfaitement épaulée par la mélodie. Du bonheur.
Avec Absinth, on démarre en douceur, on craint un moment d’avoir droit à une ballade, mais le titre s’avère aussi traître que la boisson qu’il évoque et c’est un déchaînement de Metal en fusion qui vient nous chatouiller les oreilles. Une voix judicieusement agressive nous martèle les effets délétères de cette satanées boisson, pendant que la rythmique basse batterie sollicite les vertèbres cervicales et que la tête de l’auditeur se secoue en suivant la trame du morceau.
La plage Fall In The Skies moins directe, se profile également dans une veine plus progressive, mais sans perdre la verve qui a si bien réussi aux titres précédents. Encore une fois, les passages calmes succèdent aux déferlantes de riffs et inversement. Le groupe enchaîne alors avec un Healing Waters plus costaud où le chant tempère l’agressivité du titre, la guitare se frayant un chemin au travers de la section rythmique et des nappes de clavier. Un titre qui fait énormément penser à ANGRA, on a connu pire comme référence.
La suite est du même tonneau, Canonize Your Sins et See The Light se profilent nettement dans la lignée d’un Metal plus costaud que progressif qui s’étire en digressions soporifiques. Bref, on ne s’ennuie jamais et si le groupe se définit lui-même dans un registre Prog, il est évident que jamais les titres ne se perdent en de lamentables tentatives de montrer qu’on connaît la théorie de la musique sur le bout des doigts et qu’on va chercher une tierce augmentée ou une quarte diminuée pour donner un effet que seuls les musiciens pourront apprécier. D’ailleurs, sur cet album, aucun titre ne flirte avec les dix minutes, la moyenne étant d’ailleurs inférieure aux cinq minutes. Donc on ne se perd pas dans de languissantes élucubrations existentielles et métaphysiques, l’album ne dure d’ailleurs pas plus de 50 minutes.
Il se clôture par You Can Sleep While You ‘re Dead, une ballade qui ne dédaigne pas les montées d’adrénaline, car il en s’agit en aucun cas d’une guimauve suave et dégoulinante de bons sentiments. Alors, en définitive Homeland est un excellent album qui mérite le détour. Pas nécessairement indispensable, mais on ne voit pas le temps passer. La palme revient conjointement à Homeland et Absinth.
Mr Spok