Il aura fallu quatre ans pour que Iron Maiden accouche de ce quinzième album, The Final Frontier, puisque A Matter Of Life And Death date de 2006. Entre temps il y a eu quelques tournées et le fabuleux dvd Flight 666 (et sa bande son), narrant l’histoire de cette tournée Somewhere Back In Time. Autant dire que cet album était plus qu’attendu, surtout après l’avant-goût qu’on avait pu écouter quelques semaines avant, El Dorado. L’album a été enregistré au Bahamas (comme en 1983) et produit comme d’habitude par Kevin Shirley. The Final Frontier atteint quasiment les septante sept minutes pour seulement dix chansons, certaines d’entre elles étant assez longues. Niveau composition, Steve Harris a été assez productif puisqu’ils co-signent les dix chansons. Adrian Smith co-signe quant à lui la moitié de l’album, un rien plus que Bruce Dickinson (quatre titres). Et chose assez rare, Dave Murray a également coécrit une chanson. Il s’agit d’un album assez compliqué et il faut bien plus qu’une seule écoute pour le comprendre et l’apprécier à sa juste valeur. Et c’est après plus d’une centaine d’écoutes que m’attelle enfin à la chronique de cette importante œuvre.
Un petit mot concernant la pochette, elle est l’œuvre de Melvyn Grant (qui avait déjà réalisé pour Maiden la pochette de Fear Of The Dark en 1992, le Virtual XI en 1998, Death On The Road en 2003 ainsi que le single Reincarnation Of Benjamin Breeg en 2006) et représente une sorte de croisement entre Alien et Eddie. Certains pourraient lui reprocher de s’éloigner de Eddie, mais Eddie a toujours su changer et évoluer album après album, et représenter ainsi l’atmosphère liée à cet album. Et ici, c’est évidemment le côté science fiction qui est mis en avant. Cette pochette est tout simplement magnifique.
On commence avec Satellite 15 .. The Final Frontier. Satellite 15 en est l’intro assez apocalyptique, sur fond de rythme tribal accompagné par un riff répétitif. Ce n’est qu’après plus de deux minutes trente secondes que la voix de Bruce Dickinson arrive enfin, pour reprendre de plus belle cette rythmique introductive. Et après quatre minutes et demi commence vraiment la première chanson The Final Frontier, qui était déjà écoutable sur le site de Iron Maiden depuis quelques semaines. C’est une de ces chansons que la paire Steve Harris/Adrian Smith aime composer, une rythmique simple mais efficace, un refrain répété maintes fois (impossible d’oublier le nom de la chanson dans ce cas-ci !) et un Dickinson très en voix. Par moment plus hard rock que metal, cette chanson est un excellent début pour l’album. Dès sa première écoute on sait que l’album sera un grand cru et qu’on ne sera pas déçu.
Ensuite vient Eldorado, dont j’ai déjà longuement parlé dans la chronique du single, que vous pouvez relire ICI.
On passe donc directement à Mother Of Mercy, qui commence calmement par une belle ligne de guitare suivie du chant clair de Bruce sur fond d’accord acoustique. S’en suit un mid tempo au refrain facile à retenir dans lequel le chant est un peu forcé. Alors que pendant les couplets, le chant est très varié, puisant chaque note sur une large gamme, le tout sur une rythmique assez lourde. Ce qui donne au final une chanson simple mais très prenante.
Riff assez lent pour démarrer Coming Home, qui sera suivi par un couplet acoustique suivi de façon proche par une partie plus électrique. Cette chanson me fait plus penser a du Bruce Dickinson en solo que du Maiden, Dickinson et Adrian Smith y étaient pour quelque chose je pense, notamment pendant le refrain. Un petit côté Chemical Wedding non négligeable. Une fois de plus, les solos sont superbes, ni trop ni trop peu.
The Alchemist déboule à toute vitesse, une de ces chansons rapides qui se trouvent très souvent sur les albums de Maiden (rappelons nous Be Quick Or Be Dead, Man On The Edge ou encore Futureal). Chanson à la ligne très mélodique, comme en témoigne le début ou le passage juste après le solo (qui amènera très certainement des ho-ho-ho en concert). Difficile d’être plus mélodique, et le fait que la mélodie soit au rendez-vous pour cet album n’en est qu’une très bonne chose. Dickinson est toujours très en voix, et les 3 guitaristes également, comme en témoignent les solos et lignes de guitares.
On est déjà à la moitié de cet album, mais les cinq chansons qui restent sont toutes relativement longues, et la première d’entre elles est Isle Of Avalon et ses neuf minutes. Début calme à l’aide du chant, d’une guitare et de la basse assez en avant, et c’est après plus de deux minutes qu’on rentre véritablement dans la chanson, sur fond de bons riffs et d’une nappe de clavier. Un long solo arrive sur fond de musique prog puis on revient au même passage qu’au début suivi du même refrain entraînant. Quelques lignes de guitares bien mélodiques sont bien disséminées tout au long de cette chanson, ce qui lui donne encore plus de saveurs.
Starblind suit de près avec toujours une jolie intro calme, suivi d’un excellent riff très hard rock. Le couplet est plus prog (on sent l’évolution du groupe vers ce style depuis quelques années, sans renier leur racines heavy non plus), mais le refrain fait étrangement penser à l’album Seventh Son Of A Seventh Son, de par ses notes, l’intonation de Bruce, les claviers en fond et les mélodies. Et ce n’est pas étonnant, vu que c’est cet album qui a apporté les touches prog au groupe, et cette impression reste identique pendant les solos et le pont. Le bref passage plus calme et plus planant permet de se relancer vers un couplet plus traditionnel suivi du même que précédemment. Les quasi huit minutes de Starblind ne se font pas sentir tant cette chanson est prenante.
Un peu de guitare plus folk pour le début de The Talisman, ce qui n’est pas déplaisant et fait mieux ressortir la voix de Bruce. Avant d’entamer une chanson bien rapide en fait, où la guitare et la basse se taillent une bonne part, et dont le refrain rappelle les meilleurs moments du A Matter Of Life And Death. Encore une fois le solo est sur fond de prog, et est suivi d’un petit pont très Moonchild ! Cette chanson est une des meilleures de cet album, rapide, complète, refrain efficace et mélodies à tout bout de champs. Comme souvent chez Iron Maiden, c’est dans les plus longues chansons que l’on retrouve les passages les plus intéressants, les moments les plus épiques, et cette chanson ne fera pas exception. Du grand Maiden.
The Man Who Would Be King est la seule chanson coécrite par Dave Murray (et Steve Harris) sur cet album et débute de manière plutôt planante. Un petit riff et nous voila entraîné pendant plus de six minutes dans une alternance de couplets, de refrains, de solos, de ponts, de passages bien heavy ou carrément prog. Encore une chanson bien complète, certes longue mais c’est devenu une des signatures de Maiden également, et on ne s’en plaindra, car les longueurs ne se font pas sentir loin de là, ils savent bien varier les plaisirs tout en maintenant le cap plus longtemps.
On arrive ainsi à la dernière chanson de cet album et c’est véritablement la pièce maîtresse, When The Wild Wind Blows. Pas moins de onze minutes, et dès les premières secondes, on sait directement que c’est du Steve Harris (la seule chanson qu’il a écrite seul sur cet album), du grand Harris même. La mélodie acoustique du début est déjà très épique, ce qui laisse présager le meilleur pour la suite. Et cette mélodie est tout simplement sublime, reprise en électrique pour tout le couplet, une mélodie comme Steve Harris aime en faire et c’est un bonheur pour les oreilles. Une partie en mid tempo suit avec un petit solo, ainsi qu’une mélodie celtisante. C’est véritablement la chanson la plus épique de Final Frontier, et les différents passages qui la composent ne feront que conforter cette même idée. C’est de façon magistrale que ce termine ce quinzième album.
Il faudra donc bien plus d’une seule écoute pour bien apprécier ce The Final Frontier et tout ce qu’il comporte, mais on est bien face à un excellent album. La dernière image du livret et les quelques rumeurs circulant nous font un peu peur, comme quoi cela serait leur dernier album studio. Mais si c’est le cas, ils sortiront par la grande porte, c’est certain. Tous les fans de Maiden apprécieront certainement, et j’espère bien d’autres également, n’hésitez pas à prendre votre temps pour découvrir cet album en profondeur. Et espérons un passage en Belgique (au Graspop cette fois ?) en 2011 avec quelques extraits de cet album joués sur scène !
Olivier