Changeons un peu de style avec Mastermind, ce nom ne vous sans doute rien (à moi non plus), mais il s’agit d’un groupe américain fondé en 1986 par les frères Bill et Rich Berends et qui avait à son actif six albums plutôt orienté metal prog voire prog rock. Et c’est après dix ans de silence (mis à part un single) qu’ils reviennent en 2010 avec leur septième album, Insomnia, avec notamment une nouvelle chanteuse, Tracy McShane. A noter également la présence de Jens Johansson (Stratovarius, ex-Malmsteen) pour les claviers.
Il n’y a pas vraiment de ligne directrice pour cet album, comme souvent pour le prog, et c’est souvent ce qui fait son charme. C’est avec un début très psychédélique que Desire nous entraîne pour le commencement de cet album. La voix envoûtante de Tracy arrive ensuite pour ce titre plutot rock, et au final, c’est assez bien fait, même si on est assez loin du metal malgré tout. Encore un début étrange pour Break Me Down et son riff assez lourd, mais terriblement prog. Milieu de chanson plus traditionnel lors du solo, mais l’ambiance générale est bien menée par cette même voix relativement mystérieuse.
One More Night, au nom peu original, fait office de ballade, en tout cas pour le début, la suite se recalant sur du prog normal. Meltdown porte bien son nom, tant c’est mélangé, bruits incongrus dès le départ, riff répétitif, mais la touche de Johansson est très reconnaissable dans le solo de clavier (en alternance avec la guitare). Avec Piggy World, le chant semble un peu rap, ce qui peut un peu choquer, et le refrain se tourne vers la pop, mais toujours avec quelques passages purement prog, mélange étonnant qui peut plaire (ou pas). No Answer est une ballade fort calme qui ne présente pas beaucoup d’intérêt, certes agréable à écouter mais qui ne décolle pas vraiment.
Broken possède également un riff bien lourd, et son tempo bien lent et ses mélodies orientales font de cette chanson, une des meilleurs de l’album sans doute. On se surprend en train de taper du pied. Night Flier est un instru, ce que j’appellerais prog expérimental, le morceau part dans tous les sens et l’auditeur ne sait pas à quoi s’attendre (et est parfois un peu perdu), et on arrive ainsi à l’avant dernière chanson déjà, Nietzsche. La batterie sonne un peu boite à rythme, ce qui pour moi est un peu dommage, mais c’est encore une de ses chansons dont seul le prog peut accoucher, la première écoute peut être déstabilisante, mais après deux ou trois écoutes (voire bien plus), on commence à en apprécier les subtilités. Last Cigarette clôt cet album tel une dernière cigarette dans un bar, de façon longue et prenante. On parle ici de prog atmosphérique (voire limite doom par moment), bien loin de la double pédale, mais un peu de calme est toujours appréciable. Et c’est sur certaines sonorités et mélodies proches des ambiances de Lost (la série) que se termine cet album.
Un album étonnant, déconcertant, qui n’est pas a la portée de tous. Ce n’est sans doute pas le meilleur album pour découvrir le prog si vous n’y êtes pas habitués car une seule écoute ne suffit pas, mais il ne faut pas s’arrêter pour cela. N’hésitez pas à découvrir Mastermind, vous ne pourriez qu’être supris. Un peu plus d’unité aurait sans doute rendu cet album un rien meilleur, mais souhaitons leur cela pour leur huitième œuvre.
Olivier