Sans vouloir vous faire la bio du groupe, je pense qu'il est utile de présenter Molly Hatchet. Ce nom ne vous est sans doute pas inconnu, mais avez-vous déjà entendu un seul de leurs morceaux ? En effet, Molly Hatchet a sans doute fait partie intégrante de la jeunesse de nos parents, mais on ne peut pas dire que ce groupe soit encore sur le devant de la scène en 2010.
Fondé en 1975 par le guitariste Dave Hlubek, Molly Hatchet vient de Jacksonville, en Floride. Le choix du nom du groupe provient d'une prostituée qui avait pour habitude de décapiter ses clients. La formation évolue dans le style du rock sudiste et compte dans ses principales influences Lynyrd Skynyrd. C'est d'ailleurs Donnie Van Zant, le frère de Ronnie, chanteur de Lynyrd Skynyrd qui leur présentera leur manager. Cette rencontre débouchera sur un contrat avec Epic Records. Dès 1978, les albums et les tournées s'enchaînent. On retiendra surtout Flirtin with Disaster (1979) qui sera double disque de platine, c'est à dire 2,000,000 d'exemplaires vendus.
En 2010 sort Justice, que je vais vous présenter en quelques mots.
On commence en force avec Been to Heaven Been to Hell. Un riff typique du southern rock, un piano très 60s et un rythme endiablé. L'idéal pour commencer un album et entraîner l'auditeur droit vers la Floride (avec un crochet pour aller voir Cannibal Corpse par la même occasion).
On continue sans ralentir le tempo avec Safe in my Skin, et son excellent solo. La production semble avoir été réalisée dans les 70s, ce qui colle parfaitement au genre. J'ai en effet du mal à imaginer ce type de musique avec un son 2000 !
Vient alors Deep Water, un de mes coups de coeur. Après une brève intro au clavier, se dresse un mur de guitare, percé ensuite par une mélodie on ne peut plus accrocheuse. La voix de Phil McCormack est puissante et bien en place. A nouveau, les soli sont excellents, mais ici, c'est le refrain et la mélodie qui priment! Bref, Deep Water est un morceau construit sur des bases solides et qui, m'est avis, en ravira plus d'un.
American Pride, rien qu'avec le titre, on sait à quoi s'attendre. Ambiance saloon, whiskey double, sans glace. Extrêmement bluesy et soutenu par une basse bien ronde, un solo de piano introduit un terrible solo de guitare.
Mais Molly Hatchet propose aussi des morceaux plus posés, par exemple, le très philosophique mais superbe I'm Gonna Live 'til I Die. Une longue et belle intro cède sa place aux guitares, suivies du piano. Le refrain remplit bien son rôle puisqu'il reste dans l'oreille dès la première écoute. Les harmonies sont envoûtantes, preuve que le southern rock renferme de nombreux trésors et n'est pas uniquement une musique à boire.
On continue en douceur avec Fly on Wings of Angers (Somers Song). Cette ballade rend hommage à une fillette assassinée en Floride. Un beau moment de calme sur cet album qui semble ne laisser aucun répit à l'auditeur.
As Heaven is Forever est également une belle ballade mais n'a rien d'exceptionnel. Heureusement, on enchaîne avec Tomorrows and Forevers qui se veut plus rock and roll. Le refrain est bien sympathique ainsi que le riff principal. On notera également la présence d'un saxophone. On pense parfois même à Joe Cocker !
On passe alors à Vengeance, l'un des gros titres de cet album. L'ombre de ZZ Top plane au-dessus de nous. Entre les gros riffs et les solis, les guitaristes se font plaisir. Le clavier donne une toute autre dimension à la musique de Molly Hatchet. Du grand art !
On arrive au bout, mais avant le titre éponyme, place à In the Darkness of the Night. D'entrée de jeu, les mélodies et la puissance sont là ! Le morceau est assez groovy dans son ensemble, mais le refrain est extra. Très prenant. La transition entre le refrain et le couplet est bien construite. On sent le feeling des musiciens. Le solo est plutôt posé, mais donne un côté presque épique au morceau. Une fois de plus, le piano n'en démord pas ! Bref, ce titre est une pièce maîtresse de l'album.
L'introduction du morceau final, Justice, est particulièrement réussie. Plongé dans l'ambiance, l'auditeur peut se régaler des sonorités sudistes, si chères à Molly Hatchet. Justice est un morceau lent, calme, mais qui vous prend par les tripes. La composition est parfaite, à tour de rôle, les instruments prennent une place plus ou moins importante. Les soli sont mélodieux mais sonnent diablement Southern Rock ! Ne dit-on pas que le meilleur est pour la fin ?
En conclusion, après 35 ans de service, Molly Hatchet propose un album de haute volée, qui ravira les amateurs du genre et qui permettra aux newbies de découvrir un groupe qu'on serait tenté de qualifier de culte.
Crowley