Voila même pas un mois que Ronnie James Dio nous a quitté et Jorn sort un album hommage, voila qui pourrait être étrange sur ses intentions, surtout que l’enregistrement ne s’est pas fait en un mois bien sûr, mais depuis bien avant. Soit il avait prévu le coup, ce qui le ferait passer pour un vautour, soit c’est vraiment une coïncidence et simplement une reconnaissance à l’un des meilleurs chanteurs que le heavy et hard rock aient connus. Je ne vais pas débattre là-dessus, chacun se fera sa propre opinion, mais plutôt parler de l’album lui-même. Je ne sais pas si une présentation de Jorn est nécessaire, chanteur de Masterplan (et anciennement Ark) et une des voix principales de Avantasia.
Il sort donc ici un album appelé sobrement Dio, et composé de douze chansons de Ronnie James Dio, aussi bien Rainbow que Black Sabbath, mais il a surtout mis l’accent sur sa carrière solo, à savoir Dio. Concernant Rainbow, une seule chanson, mais bien choisie, Kill The King, plus heavy que jamais. Dès les premières mesures vocales, on comprend que Dio était une des influences principales de Jorn, avec une intonation relativement commune. Il se débrouille bien, même très bien, il maîtrise le chant de Dio et propose une excellent reprise. Pour Black Sabbath, une seule reprise du Heaven And Hell, Lonely Is The Word, une fois de plus bien interprétée, rien à redire jusque maintenant. Le gros de l’album se compose donc de reprise de l’ère Dio, et là aussi, plutôt que de proposer un simple best of, Jorn est allé piocher plus largement, de Holy Diver à Killing The Dragon.
Il y a tout de même cinq titres du Holy Diver, le premier album de Dio et sans doute meilleur (selon Jorn, selon moi et selon beaucoup de monde). Que ça soit Invisible, Shame On The Night ou Stand Up And Shout, c’est un plaisir d’entendre la voix magique de Jorn reprendre celle magistrale de Dio. La version de Don’t Talk To Strangers est tout simplement sublime, presque au niveau de l’originale, et elle procure le même genre d’émotions en l’écoutant. Et Jorn nous propose une version live de Straight To The Heart qui nous prouve que même en live, il est loin d’être un débutant.
Il fait l’impasse sur Last In Line et reprend la plage éponyme de Sacred Heart, dans la même lignée que les autres chansons. Night People et Sunset Superman proviennent de l’album Dream Evil, toutes aussi bien interprétées. Au plus on écoute cet album, au plus on sent que Dio manquera à bien des gens, tant c’est un plaisir de réentendre des versions actualisées de ces mythiques chansons. Et pour terminer on peut entendre Lord Of The Last Day (Magica) et Push (Killing The Dragon), qui complètent bien cet album. En plus de tout ça, il a composé une chanson d’hommage, Song For Ronnie James, que Dio lui-même aurait certainement bien appréciée, plus de huit minutes d’émotion.
Malgré la polémique que cet album pourrait soulever, il faut bien reconnaître qu’il s’agit d’un bien bel hommage, bien interprété, tant musicalement que vocalement. Jorn dit que c’est grâce a Dio qu’il chante maintenant, et on peut en effet le croire, ce disque montre bien l’étendue de ces capacités vocales au timbre si particulier. L’élève est arrivé à un niveau élevé, sans toute fois dépasser son maître bien entendu. Maintenant, la question est de savoir s’il poussera le bouchon un peu loin en faisant une tournée pour cet album, là on se posera des réelles questions sur ses intentions. Mais en attendant, on a affaire à un excellent disque de reprise qui ne peut que nous montrer tout le génie dont Ronnie James Dio faisait preuve.
Olivier