Ce que l'on retiendra de Megadeth depuis son retour en 2004, c'est sa productivité. Ce n'est pas n'importe quel groupe de ce calibre qui nous pond trois albums en 5 ans. Après un come back remarqué (remarquable ?), la bande à Mustaine, malgré de nombreux changements de line up, a enchaîné les tournées et les sessions studio suivant un rythme endiablé. C'est en septembre 2009 que sort Endgame, première publication issue de la collaboration Mustaine – Broderick. Voyons si ce tandem est aussi créatif qu'efficace sur scène.
Tout d'abord, exit les introductions classiques. Megadeth semble avoir compris qu'il est inutile de faire perdre 2 minutes à l'auditeur avant d'enfin lui envoyer un riff de guitare. En effet, c'est après quelques notes on ne peut plus directes que Dave ouvre Dialectic Chaos sur un bon solo. Intervient alors Chris Broderick qui renvoie la balle à son patron roux. Les fondations sont posées lorsqu'arrive This Day We Fight!, premier véritable morceau de l'album. C'est en excès de vitesse que Megadeth démarre cet opus. Le titre n'est pas sans rappeler le Megadeth de 1990 avec un thrash agressif auquel les fans n'osaient plus penser. Surprenant.
Nous restons dans le Metal, un peu plus posé cette fois avec 44 Minutes et ses mélodies accrocheuses. La production parfaite, Andy Sneap oblige, laisse la part belle aux passages instrumentaux. Ce morceau est un temps fort de l'album, malheureusement, les sons samplés et autres voix off (qui pour ma part étaient déjà de trop sur le précédent opus) gâchent en partie le plaisir auditif. Dommage. 1,320' et ses riffs à la Gamma Ray suivent. La voix de Mustaine nous remet tout de même en tête que nous sommes sur la Bay Area et non à Hambourg. La variété rythmique est l'arme principale de ce morceau et Chris Broderick occupe sa place comme il se doit. Les notes défilent dans nos oreilles à une vitesse hallucinante. Mustaine a bel et bien trouvé la perle rare avec qui il peut enfin rivaliser d'ingéniosité guitaristique. Certains sons laissent présager que le groupe en a encore pour de longues années.
Le groove de Bite The Hand fait tout de suite mouche. Malheureusement, nous regretterons des lignes de chant plutôt répétitives. Il est vrai que Mustaine n'a jamais prétendu chanter correctement, mais ce débit de parole inchangé risque de lasser les auditeurs lambdas. Heureusement, la patte Megadeth est bel et bien là avec notamment une bon placement des soli. Vient ensuite un autre temps fort de l'album: Bodies. Le rythme moins endiablé de ce titre offre une possibilité aux guitaristes de laisser s'exprimer leur feeling. Les mélodies sont bienvenues et la marque du producteur est reconnaissable entre mille (par exemple, ce son très proche d'Arch Enemy à la 2,18). Les amateurs de clartés seront comblés.
Endgame, morceau éponyme commence lourdement pour ensuite se transformer en une cavalcade infernale. Les doubles kicks sont légions et le refrain (this is the end of the world) est catchy à souhait. Un joli coup, qui (à mon plus grand dam) fera sans doute des ravages dans le pit. Histoire de reposer l'auditeur, The Hardest Part of Letting Go... commence par une intro acoustique qui laisse ensuite place Sealed with a Kiss et sa mélodie typée orientale. Une composition mature qui amène un peu de calme sur cet album nettement plus speedy que ces deux prédécesseurs.
J'en veux pour preuve le titre suivant, le terrible Head Crusher, malheureusement coupé par un sample de plus. S'en suit fort heureusement LE passage de l'album qui tombe à la deuxième minute. De quoi se rompre les cervicales. Quel riff du feu de dieu. How The Story End amène très justement la fin de l'album. Un bon refrain, de bons riffs, bref, un morceau sympa, surtout pour une fin d'album. Endgame touche à sa fin et la conclusion est réussie avec The Right To Go Insane. Les guitares offrent une fois de plus de bons riffs, mais le refrain reste la clé de ce morceau.
Au final, la cuvée 2009 est de qualité, sans pour autant être l'album de l'année. Quelques détails dérangent quelques fois, mais le talent des musiciens fait vite oublier ces broutilles. Peut-on reprocher à un groupe de thrash de jouer trop de morceaux rapides ? Je ne le crois pas. Cet album ne fait pas exception à la règle de base de la musique: il plaira aux uns et décevra les autres, ça reste avant tout une question de goût. Pour ma part, je suis globalement satisfait, mais j'ai hâte de voir ce que le temps et le travail commun apporteront aux deux génies que sont Mustaine et Broderick. Ils ont encore de grandes choses à faire ensemble, sur scène comme en studio.
Crowley