Mago de Oz - Celtic Land
Warner Music

Quand nos amis espagnols de MAGO DE OZ compilent, ils rameutent leurs copains et ça nous donne un double album plein de surprises. D’abord, ils nous livrent une transposition en anglais de pas mal de leurs titres, faisant appel à quelques grosses pointures, à croire qu’ils ont ouvert le bottin à la rubrique Metal et qu’ils ont appelé tout ce qui bouge. On retrouve ainsi Ralph Scheppers sur The Black Book, les folkeux de ELVENKING sur Vodka ‘n’ Roll. Alors évidemment les plages sont largement transformées, pour ceux qui les connaissent dans la langue de Don Quichotte depuis toujours, ça fait assez drôle et si ce n’est pas franchement désagréable, ça coince parfois un peu. Surtout quand on a envie de chanter un refrain en espagnol et que surgissent les englisheries.

Par contre, pour ceux qui ne connaissent absolument pas le groupe, il y a là une opportunité certaine à saisir. Bien sûr, on perd tout la personnalité impulsée par l’espagnol mais le reste des instruments devrait convaincre les plus blasés des fans de Folk Metal. Qu’on se le dise, avec MAGO DE OZ, on touche au sublime. Les amateurs ne s’étonneront pas que dans leur abondante discographie, ils puisent allègrement dans les chansons à boire Celtic Land, Pagan Party 2.0, Vodka ‘n’Roll. Le genre irrésistible dans le rayon soulève-chope à tire-larigot pour un aller simple vers la biture fatale et le headbang incontrôlable.

Par contre en version anglaise, le Find Your Love et I Beleive tombent dans l’eau car ils sonnent trop AOR, seuls les interventions des instruments folks tiennent un tant soit peu la route mais là, le recours à l’idiome de Shakespeare n’arrange pas les choses. On n’a bien évidemment pas ce type de réserve avec Satanael qui nous gratifie d’un Paul Shortino au chant. Avec un vocaliste pareil, le titre fait autant mouche qu’en version originale.

Superbe surprise, la reprise du Hymn d’ULTRAVOX, agrémenté des couleurs folks, le titre en ressort légèrement transfiguré, mais la rythmique carrée et les riffs de base sont respectés, des interventions magiques du violon font leur apparition et un solo inédit agrémente la plage. Le Diabolus In Musica s’en sort pas trop mal, la voix bien rugueuse du chanteur Jape et l’anglais changent assez radicalement la donne. Déjà imparable en espagnol, Love Never Dies poursuit ses effets dans la langue des BEATLES, longue plage travaillée, le changement de langue n’alterne en rien à ses nombreuses qualités et le titre s’avère toujours aussi passionnant.

Sur leur deuxième galette, nos amis ibères ont invités plein de potes et nous rejouent leurs classiques. Pour bien montrer qu’ils font une bringue d’enfer, ils commencent par un Fiesta Pagana 2.0 (soyons modernes que diantre) avec une profusion de voix qui réjouira les fans de l’original. Faut-il préciser que la VO vaut mieux que le doublage ? Au rayon soli, c’est la débauche également.

Suit un Acérate Y Bésame qui sonne un peu fade après la bombe qui précède. Le groupe remet les pendules à l’heure avec un bien nerveux et enflammé El Lider 2.0. Les différences avec l’original sont bien minimes sur La Costa Del Silencio 2.0 ainsi que sur Hazme Un Sitio Entre Tu Piel et Desde Mi Cielo. Les voix bien évidemment sont assurées par des invités. Mais bon, on peut pas leur demander de changer radicalement des titres qui fonctionnent superbement tels quels. Après tout, il n’est pas nécessaire d’améliorer ce qui est déjà excellent.

Longue plage d’anthologie, La Voz Dormida représente Mago au mieux de sa forme, avec tout ce que doit comprendre un titre à rallonge. Mis à part les autres timbres de voix, le titre déménage autant que sur l’album original. On y trouve des claviers royaux, des guitares endiablées, des chœurs enflammés, une rythmique d’enfer, des folkleries magiques. La totale quoi. Quand un tel titre termine un album ça ne pose pas de soucis, mais le La Luna en Ti 2.0 qui suit fait pâle figure parce qu’il s’agit d’un morceau assez calme. Là, on peut dire que le morceau aurait dû être placé ailleurs.

Plus relevé, avec un violon sympathique, Sácale Brillo A Una Pena, tire mieux son épingle du jeu. Et la transition avec le titre calme Siempre ne souffre ici d’aucune impression de chute de tension vertigineuse, magnifié par la sublime voix de Patricia Tapia qui donne évidemment une autre dimension. On plonge alors avec délectation dans El Poema De La Lluvia Triste qui nous propose Christian Bertoncelli au chant. Pas de révolution, mais cette autre voix donne une touche un rien différente pour ceux qui ont l’original dans la tête. REbelotte avec le magnifique Sigue La Luz avec Carlos Escobedo au chant, pas de transfiguration, mais une simple confirmation de l’énorme potentiel du titre.

Un très court Por qué no bailamos, sans guère d’intérêt, avant de clôturer sur la version orchestrale de Desde Mi Cielo soit la 2.0 qui ne rajoute pas grand-chose par rapport à la précédente.

Alors effectivement pour ceux découvrent le groupe, cette compilation représente une excellente mise en appétit, mais il ne faudrait pas en rester là et l’auditeur averti s’empressera de se procurer toute l’abondante discographie du groupe. Par contre pour les fans qui ont l’oreille bercée par la version originale, l’album ne récolte que la mention passable. Si le fait d’avoir opté pour l’anglais sur un des deux CD permet au groupe de venir dans nos contrées, l’album aura rempli son office, autrement, qu’ils poursuivent leur carrière dans leur langue. Bref, vivement le prochain vrai album.

Mr Spok


7,5/10