Hibria - Silent Revenge
AFM Records

Parmi les nombreux groupes brésiliens qui n’ont pas eu la chance de connaître la renommée en Europe, on trouve HIBRIA fondé en 1996 à Porto Alegre au Brésil. Leur premier album DEFYING THE RULES les a fait connaître au Japon où ils ont connu un succès certain, au point d’y enregistrer leur album et DVD Live. Les voici aujourd’hui qu’ils s’attaquent à l’Europe, histoire d’élargir leurs horizons et le nombre de leur fans.

Roulement de batterie, riff incisif et accélération soutenue. Des voix enregistrées se font entendre avant que ne retentisse le chant de Luri Sanson qui n’est pas sans rappeler Edu Falashi de ANGRA. Les chœurs s’avèrent plus agressifs, le timbre de la voix principale se veut plus mélodique que hargneuse ce qui contrebalance l’effet très carré du rythme. Les deux guitaristes Abel Camargo et Renato Osorio s’envolent lors du solo, tandis que la batterie s’avère particulièrement prépondérante et donne sans conteste le la de l’énergie. Clairement, ce Silent Revenge qui ouvre les hostilités nous met déjà en appétit.

Et le groupe continue à riffer sans répit et sans repos sur un Lonely Fight royalement emmené. Un petit break à la basse par Benhur Lima avant de relancer la machine. A nouveau les guitares se distinguent dans un solo époustouflant, parfaitement soutenus par la batterie de Edouardo Baldo. Pas question de faiblir, le groupe poursuit son excursion dans des contrées bien frappées avec Deadly Vengeance bien que le chant aurait dû se faire plus agressif sur un tel titre et qu’on y trouve un break très calme au piano. A nouveau, la technique des musiciens éclate au grand jour et l’ensemble est royalement bien mis en place.

Grosse accélération dans le genre Death Metal pour lancer le Walking To Death qui nous gratifie de quelques passages de grosse voix. Mais le groupe, ne change pas fondamentalement sa grosse artillerie d’épaule, les riffs sont toujours costauds et secs, la rythmique infernale, la voix mélodieuse et les soli inventifs. On maintient l’allure avec l’introduction Silence Will Make You Suffer mais la déferlante s’arrête un instant pour un pré-couplet bien calme avant de nous replonger dans un déluge de notes.

Au rayon fausse ballade qui déborde d’énergie, on trouve Shall I Keep On Burning. Si le début peut faire croire à une plongée molle, l’électricité reprend bien vite la place prépondérante, tandis que la voix se fait plus sèche et même si la rythmique ne déboule pas comme une avalanche, la puissance reste de mise. Un mid-tempo énergique magnifiquement emballé. Qui fait mieux ressortir le démarrage de The Place That You Belong qui bénéficie d’un petit solo de basse avant que ne se lance le chant. Et le groupe veut remettre le couvert pour un The Scream Of An Angel qui contient autant de bons ingrédients que les recettes précédentes.

Déboule alors la pièce d’orfèvrerie de la galette, la longue, plus de huit minutes, The Way It Is. Pendant que la rythmique fonce à tout berzingue, le chant modère sa vitesse et joue la modération pour contrebalancer la déferlante. La voix se module en chant parlé doucement et hurlements avant que les guitares se jettent dans un solo de haut niveau, si les précédents n’étaient pas tristes, celui-ci les enfonce joyeusement. Puis hop, on balance un duo basse-batterie, les grattes se joignent à la bande pour un intermède un rien jazzy avant que toute la bande ne se réunisse pour repartir sur les chardons ardents. Chaud devant.

Bon, on comprend pas trop pourquoi ils nous gratifient d’une version acoustique du Shall I Keep On Burning, la première mouture étant suffisamment séduisante. Bon, fallait-il vraiment prouver les qualités des gaillards en mode débranché, alors qu’ils n’ont cessé de nous éblouir pendant tout le reste de l’album ? Et puis mine de rien, en mode gentil, ça fait vraiment trop ballade. On peut donc passer.

Changement de tempo, break inventifs, rythmique syncopée, riffs carrés, virtuosité à tous les étages lors des soli, vrombissements intenses, c'est clair qu'on devine les influences prog du groupe mais heureusement, c'est pas du prog qui déborde et qui lasse. Ici, l’énergie et la vitesse restent constantes. Alors c’est clair que dans le genre, les déboires à répétition de ANGRA (actuellement en tournée en Amérique Latine avec Fabio Lione de RHAPSODY OF FIRE au chant, c’est dire) ont laissé un vide et qu’on sent que le groupe se dit qu’il y a une place à prendre. Les musiciens font nettement étalage de leurs virtuosités mais ça reste digeste et finalement nettement plus emballant que les deux derniers albums d’ANGRA. Les amateurs de True Metal (speed et symphonique) ont de quoi se délecter.

Mr Spok


8/10