Burning Rain – Epic Obsession
Frontiers Records

Après de longues années de silence, enfin pour le groupe parce que les musiciens, eux, ont été royalement occupés ailleurs (chez DIO et WHITESNAKE pour le guitariste Doug Aldrich ; avec MONTROSE pour le chanteur Keith St John), les deux comparses de BURNING RAIN se disent qu’il serait peut-être temps de vérifier si l’alchimie d’antan fonctionne toujours aussi bien. Et voilà qu’ils nous livrent une troisième galette.

Les années n’ont pas émoussé le riff, ni détérioré les cordes de la guitare ou vocales. Le Sweet Little Baby Thing déboule rapidement et dissipe les doutes qui pourraient vous assaillir. Brut de chez brut, le son de la guitare s’avère même plus « crade » que sur les albums précédents, histoire se fleurer le Marshall à lampes des années ’70. Avec un chant et un refrain qui lorgne sans vergogne vers AEROSMITH. Quant à The Cure pour bien montrer qu’il n’y a aucun rapport avec les dépressifs anglais, le riff possède un côté « angusien » franchement agréable, à un point tel qu’on est étonnée de ne pas entendre Bryan Johnson pousser le chant. Le solo confirme la bonne santé du gratteur et l’ancrage du groupe dans le rock carré des classiques.

Les deux acolytes de la rythmique, Sean McNabb à la basse et Matt Starr à la batterie, se démènent à fond dès l’introduction de Till You Die. Toujours ce son bien crade pour soutenir le chant. Le groupe a définitivement opté pour le gros rouge qui tache et décoiffe. Le chanteur éructe tandis que la guitare délire.

On reprend les mêmes ficelles et on recommence, après trois titres monstrueux, on laisser parler la douceur sur Heaven Gets Me By pour une ballade au chant rugueux avec explosion d’énergie à mi-parcours. Notez que fidèles à toutes leurs habitudes, ils nous filent deux fois la plage, et la seconde en véritable acoustique en bonus à la fin de l’album, si, si, pas plus utile que sur les albums précédent, ils nous resservent le même couvert pas utile pour un sou. Passons.

Et comme convenu on repart en trombe avec Pray Out Loud qui crache les riffs comme un boxeur ses dents après un direct dans les gencives. L’équilibre entre la voix, la rage de la gratte, la rythmique et les refrains sont parfaits, le tout magnifié par un solo ravageur. Classique dans sa construction, le titre relève de la leçon de savoir-faire. Impossible de passer outre la comparaison avec WHITESNAKE sur Our Time Is Gonna Come, un mid tempo survolté qui laisser parler la poudre des cordes de guitare et la rage des cordes vocales.

On plonge dans la ballade légèrement muscle et commerciale avec Too Hard To Break puis le groupe se déchaîne comme un diable de Tasmanie qui aurait subi une intraveineuse de Red Bull sur My Lust Your Fate, radical contre les insomnies. Et retour au mid tempo sirupeux avec Made For Your Heart, long titre qui s’avère finalement assez quelconque, bien mis en place, mais déjà entendu à profusion.

Et à nouveau le groupe a le chic pour nous reballancer un direct dans les gencives sans prévenir et sans anesthésie locale avec Ride The Monkey. Un petit dépaysement à tendance orientale avec Out In The Cold Again. La douce du démarrage ne résiste pas au temps qui passe, la plage verse rapidement dans le costaud, taillé sur mesure pour la guitare et la voix.

Faute de goût, la dernière plage originale est une ballade sirupeuse franchement trop commerciale, comme si le groupe avait dû respecter un cahier de charges. Les âmes les plus sensibles apprécieront ce When Can I Beleive In Love, mais les autres passeront à la reprise du Kashmir de LED ZEPPELIN qui montre clairement où les musiciens trouvent leur inspiration. Une interprétation excessivement fidèle mais, on voit mal, avec son style, le groupe tenter de transformer ce classique.

Evidemment avec le timbre de voix du chanteur, l’historique des musiciens et la texture des compositions, difficile de faire l’impasse sur les références qui sautent aux oreilles. On pense aussi à la fabuleuse réunion de Coverdale et Page, et tout ce que les années ’70 ont compté comme pointures, dont certaines sont toujours à l’œuvre d’ailleurs. Tout comme BURNING RAIN qui prouve que le temps qui passe n’a pas émoussé le tranchant du riff, dommage que la pause fut si longue, en espérant qu’ils rattraperont le retard. Pour l’instant, ils nous ont livré un album d’honnête facture, dans un registre bien balisé, mais où ils font preuve d’un talent indéniable à défaut d’originalité. Efficacité garantie.

Mr Spok