UDO – Steelhammer
afm Records

L’avantage avec UDO, c’est qu’on ne doit plus présenter le gaillard. Incarnant à lui tout seul LA voix d’ACCEPT et un certain Metal teuton des années ’80, vous savez du genre coup de poing direct dans les gencives qui assure un KO debout. Donc évidemment l’avantage, et l’inconvénient, d’un tel timbre de voix, c’est que ça convient bien à un style assez précis. Avantage, car on sait que ça va décaper un max, inconvénient, car finalement, on sait toujours à quoi s’attendre et au bout du compte, « un nouvel album d’UDO, c’est toujours du UDO » et quelque part ça manque un peu de surprises surprenantes, si j’ose dire.

Ainsi donc dès le premier riff de Steelhammer, on sait qu’on ne s’est pas trompé de crèmerie, c’est du rapide et du sec, du simple mais efficace. Pas de fioritures, on rentre dans le vif du sujet sans introduction aussi inutile que barbante. Les deux guitaristes Andrey Smirnov et Kasperi Heikkinen s’en donnent à cœur joie. Et le tempo ralenti de A Cry Of A Nation rallume encore un peu plus la flamme du passé. A se demander si le musicien voit le temps passer. Rythmique carrée, riff efficace, chœurs qui soutiennent le chant lors du refrain. Du classique déjà entendu, mais encore une fois, terriblement bien mis en place qu’il nous envoute sans qu’on ne s’en rende compte.

Et quand les titres affichent : Metal Machine, Basta Ya, Heavy Rain, Devil’s Bite, Death Ride, on se doute bien qu’ils ne visent pas le top 50 de la musique pour masses abruties. En clair, ça riffe sec, ça cogne dur, ça hurle fort, l’idéal pour se démembrer les vertèbres cervicales après une journée de boulot (ou de cours, mais eu égard à l’âge du capitaine, les fans doivent plus trop aller à l’école). Les solos s’avèrent séduisants, les rythmiques entraînantes, les refrains vindicatifs, et la voix, haa, la voix, difficile de faire mieux dans le genre. Bref, les chevelus se laisseront aller (et les autres aussi d’ailleurs). Avec quelque surprises : le chant d’UDO arrive presque à nous faire oublier que Basta Ya est chanté dans la langue de Cervantes. Quant à Heavy Rain, le chanteur nous la joue avec brio dans un registre de crooner américain, accompagné uniquement d’un piano, soufflant mais absolument pas dérangeant et la plage évite judicieusement de s’étirer inutilement.

Il faut dire aussi que la bande a le chic pour nous pondre des soli époustouflants qui relancent l’intérêt de plages fort typiques. Avec un petit bémol, si chaque titre éclipse le précédent, c’est parce que le moule s’avère souvent trop identique. Parfois les différences s’avèrent purement cosmétiques, ralentissement du tempo et voix trafiquée pour King Of Mean, mais la sauce prend à chaque fois, comme s’il nous était impossible de se lasser pas de cette cuisine bien nourrissante mais qui n’a rien à voir avec la fine gastronomie métallique symphonique. Derrière les deux gratteurs et le hurleur, la section basse (Fitty Weinhold) batterie (Francesco Jovino) nous martèle comme il le faut.

Le final, démarre étrangement mais au bout du compte, on retrouve toutes les caractéristiques de la bande à UDO, comme s’il voulait se faire désirer avant de nous balancer une dernière fois sa recette typique du gros Metal qui décape comme un tampon jex.

Quatorze plages pour un peu plus d’une heure de musique. Mis à part les nombreux changements de personnels qu’a connus le groupe, dont le récent départ des deux gratteurs précédents Stefan Kaufmann et Igor Gianola, on reste en terrain connu. Avec cependant suffisamment de surprises pour ne pas déclencher les bâillements au bout de cinq titres et une furieuse envie de réécouter les autres albums du gaillard. Beaucoup aimeraient pouvoir encore sortir un album de cette trempe qui donne de telles sensations. Le bonheur pour les fans, une leçon de longévité pour les autres.

Mr Spok


8/10