Tankard – A Girl Called Cerveza
Nuclear Blast

Formé en 1982, le groupe écume les salles avant de sortir une première galette en 1986. La signification de leur patronyme s’apparente à une chope de bibine et leur musique se complait dans le Trash à boire, ce qu’ils appellent eux-mêmes le « Alcoholic Metal ». Une longue histoire émaillée de changements de labels, de changement de personnel. Cependant, jamais la machine à distiller ne s’est arrêtée et même si les membres du groupe ne vivent pas de leur musique, jamais ils n’ont perdu cette soif sacrée qui permet de lever le coude et surtout principalement de riffer sur leurs guitares. Sans compter les lives et autres compilations, le groupe a toujours tenu à cœur de maintenir la régularité du Beaujolais, cette gente demoiselle peu farouche appelée « bière » est leur quinzième bouteille, heu pardon, galette. Voici donc notre avis sur le TANKARD nouveau.

Avec la ‘subtilité’ qui les caractérise, les joyeux buveurs ouvrent la bouteille sans prendre de gants avec Rapid Fire (A Tyrant’s Elegy). Ce trash sans concession ne brille pas par son originalité, mais transpire l’efficacité. Rythmique à vélocité élevée, voix agressive, guitare tranchante. Pas d’erreur c’est du lourd et de l’efficace. On peut sans aucun problème leur donner une TANKARD de fidélité au genre.

La plage titulaire déboule tel un pochard d’assaut dans nos pavillons auditifs. Un refrain participatif et multiculturel (le mot espagnol le plus pratique quand il fait soif), des riffs désaltérants sans attendre la fermentation. Pratiquant toujours la même recette de la vielle distillerie, le groupe excelle dans ces plages tendance cul-sec, qui s’engloutissent sans se soucier des subtilités sur les papilles gustatives. Witchhunt 2.0 n’a pas besoin de mise à jour. Le solo décapsule toute réticence qu’on aurait à vouloir goûter cette cuvée.

Les poussées de headbang s’avèrent nombreuses et énergiques. Difficile de rester serein. Comme tout chemin qui se respecte, toutes les chansons mènent au Rhum. Le sérieux des compositions se retrouve dans les titres Masters Of Farces. Le groupe s’offre un mélange alcool léger et tuerie à 90 degré avec The Metal Lady Boy qui varie les puissances. Ne changeant pas une recette qui tue, le groupe laisse la fermentation remplir son office, Not One Day Dead (But One Day Mad) trashe allègrement en contrées connues. Le Son Of A Fridge rafraîchit l’ambiance le temps de l’introduction, impossible de chasser le naturel, il revient à toute vitesse comme le titre. On pense (avec son ventre) que le groupe a décidé de faire une pause pour permettre au désaltérant liquide me mieux parcourir les méandres de nos estomacs et intestins, avec Fandom At Random, mais ce n’est que Delirium Tremens, la vitesse d’exécution a tôt fait de rejoindre la norme de l’alambic en vigueur dans ces assoiffées contrées.

Pour prouver qu’il ne s’agit pas que de brutes, ils ont mêmes apporté des fleurs Metal Magnolia, qui offre une flagrance forte en minerais de fer, riche en riff et en rythmique tueuse. Le patron paie la tournée pour le dernier verre sur Running On Fumes et l’addition est salée. Mais on sait déjà qu’on reviendra.

Ce sympathique album, qui ne rajoute rien à de plus à une carrière bien remplie, ne vous donnera pas la gueule de bois qui suit une biture fatale, mais vous offrira tonus et longue soif. Certainement pas essentiel, TANKARD étant somme toute un groupe de ‘série B’. Cependant, le sérieux qu’ils mettent dans leurs délires de la cuvée 2012 en termes de compositions, d’enregistrement et d’énergie explique pourquoi après 30 ans de galères, ils lèvent toujours le coude. Avec eux à l’époque de la prohibition, il n’y aurait pas eu d’incorruptibles. A votre santé.

Mr Spok


7,5/10