Vexillum - The Bivouac
Limb Music

Quand on a découvert le groupe sur scène en première partie de RHAPSODY OF FIRE en 2011, il va de soi qu’une question existentielle a surgi : ces mecs en kilt portent-ils la culotte à la maison ? Mais avant même qu’on esquisse un sourire condescendant voilà que la musique commence et qu’on ferme son clapet avant de déblatérer des calembredaines. Car mine de rien, passé les premières secondes d’ apparences trompeuses, ces gaillards en ont dans le slip, si j’ose dire. Après tout, il n’y a pas que les Ecossais qui portent la jupette, les Romains, outre le fait qu’ils sont fous selon certaines légendes urbaines, ont quand même étendu leur empire jusqu’en nos plates contrées.

Ce THE BIVOUAC est la deuxième galette de ce groupe italien dont le patronyme représente la bannière de l’armée romaine qui arbore le nom de la légion. Fondé en 2004 par le guitariste Michael Gasparri, le centurion chanteur Dario Vallesi n’a rejoint la légion qu’en 2006. D’autres légionnaires s’engagent dans les troupes : Andrea Galvanico à la seconde guitare, Efisio Pregio à la batterie, et Francesco Ferraro à la quatre cordes. Un petit EP en 2007, un premier album en 2010 et quelques tournées en première partie de noms plus célèbre, le parcours classique du légionnaire métalleux en quelque sorte. Tant et si bien qu’aujourd’hui les compères nous livrent leur deuxième conquête.

La légère introduction champêtre laisse bien vite la place à une déferlante de riffs, de nappe de clavier et de roulements sur les grosses caisses. On ne peut s’empêcher de penser au ANGRA de la bonne époque par le timbre de voix du chanteur. Mais aussi par la maîtrise de l’ensemble des musiciens. The Wanderer's Note ouvre le bal et jette les bases de ce qu’on peut attendre du groupe. Un folk symphonique sympathique épique et sans toc. Même si la touche folk s’avère quasiment homéopathique. La suite Dethrone The Tyrant se décline plus sur le mode Heavy Metal symphonique que folk. Le tout toujours emmené par la chaleureuse voix entraînante du décurion. Toujours en pleine forme pour Dancing Goddess, les musiciens ont le pied au plancher. La mélodie, les chœurs sont typiquement folks, mais la plage reste fondamentalement heavy.

Un petit break de foire moyenâgeuse avec son de viole avant de lancer un solo fabuleux. Et puis on ouvre le bal avec un vrai univers folk, flute, guitare sèche, et cornemuse pour la pseudo ballade The Oak And Lady Flame. Puis la plage sonne la fin de l’interlude, l’électricité reprend ses droits tandis que la voix du chanteur se fait plus incisive tandis que la guitare part dans un premier solo assez court. Une gente dame vient rejoindre le chanteur puis tous s’y mettent pour les chœurs. Pour un final sur hululements de chouettes.

Nouvelle introduction folk flute guitare et tambour sur The Hunt qui laisse bien vite la place à des riffs rageurs. Alors que le tempo se veut furieux avec double pédale sur le grosse caisse, la vitesse du chant se modère quelque peu pour mieux ressortir. De nombreux chœurs viennent soutenir le chant lors des refrains et tout ceci nous conduit à un solo bien ébouriffant mais un rien trop court. La plage s’achève sur des sons folks qui ouvrent la voie sans interruption à The Dream qui poursuit dans la même ambiance. L’électricité a complètement disparu mais l’ambiance médiévale sied à merveille, magnifiée par quelques touches de viole de-ci, de-là et la superbe voix du chanteur.

Viole, batterie, guitares, énergie, vitesse. Passée l’introduction relativement calme, The Marketsquare Of Dooley renoue franchement avec le Metal survolté qui déclenche des mouvements de headbang. Un break sous forme de sons de marché au château pour introduire un solo qui laisse les deux gratteurs s’exprimer. Et toujours ces refrains avec plein de chœurs pour arriver à la fin du morceau sur chants de taverne. On reste d’ailleurs dans cette ambiance désaltérante avec la joyeuse gigue électrique de The Way Behind The Hill aux fortes connotations irlandaises et bièro-dégustatives.

Délaissant le folk, le groupe opte pour l’approche symphonique avec Valhalla. Le titre est rapide, très rapide, et à nouveau la filiation avec les Brésilien de ANGRA saute aux oreilles. Bon, allez, VEXILLUM n’arrive pas vraiment à nous faire oublier le même titre de BLIND GUARDIAN (pour ceux qui en sont fans) mais au moins ils font plus que bonne figure. Les guitares et la rythmique se défoulent à fond. Les soli de guitare se paient une part royale et les chœurs font le reste.

Et à nouveau l’intro folk qui lance l’électricité pour Letter From The Earth. Titre superbe qui se termine comme à l’accoutumée par une lente descente folk. Bref, un très bon morceau mais qui ne rajoute pas grand-chose à ce qu’on a déjà dégusté. Sans être un coup dans l’eau, on a quand même affaire à une redite, qui nous refroidit par son côté « déjà entendu quelque part ». Par contre, l’introduction radicalement orientale de Medigo nous réveille largement, le tempo lancinant mais fabuleusement énergique prend possession de notre personne, tandis que les sonorités indiennes restent présentes, le groupe module le tempo entre cette ambiance et des envolées plus rapides. Puis le violon prend la relève avant que les sons indiens reviennent pour lancer un solo magnifique qui n’en finit pas. Ce titre est une bombe, une claque magistrale. Et une dernière cavalcade speedée une avec The Last Inn. Titre qui varie lui aussi les ambiances entre chevauchée Metallique infernale et gigue de village. A nouveau les guitares et les chœurs font plus que de la simple figuration et s’inscrivent clairement comme des éléments indispensables de l’ossature musicale du morceau.

Le groupe se complait dans des plages assez longues et travaillées qui lui permettent de distiller une ambiance mixte de pur bonheur Metallique speed et symphonique assaisonnée de fête foraine moyenâgeuse. Bref, les effets s’avèrent efficaces parce que variés. Même si le groupe a un peu trop souvent tendance à commencer et terminer ses plages de la même façon par une sortie folk qui va introduire la chanson suivante sur le même mode. Dommage également qu’ils ne s’essaient pas à l’exercice du très long titre, dans le rayon des dix minutes, ça aurait pu donner quelque chose. Et puis avec un tel nom et une telle fierté pour leur histoire, ils auraient pu aussi s’essayer à la chanson en latin, tout comme IN EXTREMO. Voilà pour le, tout petit, rayon reproches, et parce qu’il faut bien parfois trouver quelque chose de négatif à dire. Mais bon on va pas trop leur jeter la pierre, même si c’était de coutume à l’époque. THE BIVOUAC reste de bout en bout un excellent album qui ravira tous les fans de folk Metal.

Mr Spok