Power Quest - Blood Alliance
Napalm Records

Mars 2001, le claviériste Steve Williams et le bassiste Steve Scott quittent le groupe londonien de DRAGON HEART (qui deviendra plus tard DRAGONFORCE), rapidement, ils sortent une première démo. En 2002, ils enregistrent WINGS OF FOREVER avec l’italien Alessio Caravello au chant. En 2004, ils partent en tournée aux côtés de THRESHOLD pour promouvoir leur deuxième album NEVERWORLD. En 2005, ils défendent leur album et DVD MAGIC NEVER DIES, foulant les planches en ouverture d’HELLOWEEN. Puis continueront à arpenter les salles aux côtés de ANGRA et FIREWIND. L’année 2008 voit la sortie du quatrième album MASTER OF ILLUSION, tandis que 2009 voit la fin d’une époque puisque le chanteur décide de jeter l’éponge, il sera d’ailleurs bientôt suivi par d’autres musiciens, Steve Williams se retrouvant alors avec la difficile tâche de recruter de nouveaux talents. C’est ainsi qu’une toute nouvelle équipe enregistre l’album BLOOD ALLIANCE. On retrouve aux côtés du claviériste : le chanteur Chity Somapala, les guitaristes Gavin Owen et Andy Midgley, le batteur Rick Smith, et le bassiste Paul Finnie.

Vous connaissez sans doute ces longues introductions, lentes et bruyantes qui ne donnent qu’une seule envie : appuyer sur le bouton « titre suivant ». Et bien Battle Station est le premier titre en ouverture d’album, depuis longtemps, qui n’adopte pas ce comportement lassant. Dès le départ, les instruments se déchaînent, les guitares hurlent, la batterie vrombit et on en reste baba. Bref, le titre porte bien son nom : à vos postes de combats les gaillards, ça va cogner. Cette bonne impression ne nous quitte pas lorsque démarre Rising Anew. Pour ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion d’être confrontés aux qualités vocales de Chity Somapala, embarquez, la voix du gaillard a tout pour séduire. Et s’il n’y avait que la voix. La batterie garde un rythme soutenu, parsemé de roulements du meilleur aloi, les guitares riffent joyeusement, les doigts se démêlent et s’emmêlent sans répit sur les manches. Et ça c’est avant les soli, où même les claviers ont leur heure de gloire. Fabuleux. Le fan de Metal, qu’il soit symphonique, speed, power ou autre qualificatif particulièrement éloquent, sera, sans aucun doute conquis. Et on n’est qu’au premier titre de l’album.

Sans plus attendre le groupe enchaîne sur Glorius avec ses guitares hurlantes, son riff carré, sa voix chaleureuse, sa mélodie, les jambes fourmillent, la tête tangue de droite à gauche et de haut en bas, du début jusqu’au dernier riff, impossible de tenir en place quoi. Le titre a une petite personnalité de pop punk rock anglais à l’effet pas déplaisant du tout, mais possède finalement un goût résolument métal. Pour vous convaincre, les soli qui déboulent à toute allure.

Tempo moins speed mais plus lourd pour lancer Sacrifice. Le riff carré fait très hard rock anglais des années ’80, et oui on peut s’empêcher de penser DEF LEPPARD, mais on ne va pas reprocher à des citoyens de sa gracieuse majesté d’avoir des racines britanniques quand même. Le refrain fait évoluer le titre dans un registre plus commercial, et lorsque les doigts se défoulent sur les manches lors des soli, la filiation avec le léopard sourd s’avère bien nette.

Autre changement d’atmosphère, une mélodie au clavier nous la joue épique héroïque à la RHAPSODY avec une touche de folk (oui, oui, rien que ça). Et ça fonctionne à fond. Un premier couplet nous embarque dans cette aventure pour ouvrir une voie royale à un refrain super captivant. Un long break aux guitares « maideniennes » pour lancer un solo aux premières mesures « rhapsodiennes », le fan se sent directement en bonne compagnie, et les notes de partir en vrille. Un petit refrain et le groupe nous assène un second solo pour nous empêcher de récupérer, encore plus fort que le premier. Et le titre de s’achever par des refrains qui vont crescendo. En clair, Survive s’avère fabuleux.

Nouvelle incursion dans un univers plus commercial (la mélodie au clavier y est pour beaucoup, ça m’a même fait penser au Gloria du chanteur italien UMBERTO TOZZI), le chant se fait moins agressif, la vitesse plus modérée, les riffs plus sages, les chœurs gentils. Dangereux comme baisse de régime, on dirait du BON JOVI, bref l’odeur commerciale n’est pas pestilentielle, mais on n’en est pas loin et, franchement, à l’introduction, j’ai eu peur. Heureusement, les premières notes de clavier de Crunching The Numbers accompagnées des guitares et d’une solide section rythmique a tôt fait de remettre les pendules à l’heure Metal, nos doutes sont dissipés, leur faute de goût est pardonnée, ils ont retrouvé le droit chemin, ouf. Le tout est agrémenté d’un son un rien étrange qui offre une légère touche de Prog ou expérimentale au titre, tout comme les changements de tempo. Un titre très, certains diront trop, surprenant mais où chaque musicien peut s’exprimer, solo de guitare, solo de clavier, il y en a pour tous les goûts.

Un petit air de TOTO aux premières notes de clavier d’Only In My Dreams, puis une entrée des guitares dans le style SCORPIONS. Le titre du morceau aurait pu nous embarquer dans une ballade quelconque, il n’en est rien. La plage se veut carrée, à forte tendance commerciale comme dans les années ’80, mais la puissance de la voix, les interventions des guitares ainsi qu’une rythmique soutenue, font la différence. Deux soli de guitare se succèdent sans temps mort, sans débouler dans tous les sens, mais en respectant l’ambiance mélodique de l’ensemble. Un titre passe conçu pour les radios et qui n’effraierait pas une mouche, mais qui tient cependant royalement la route.

On s’accroche à ses brettelles, voici la plage titulaire qui nous embarque dans un univers fantastique. Une lancinante mélodie au clavier, accompagnée d’une guitare au son acéré, pour ouvrir le bal et un mini solo avant le roulement de batterie déclencheur. Un gros riff, un clavier bien mis en évidence. Un chant seul sur une mesure avant qu’explose l’ensemble des instruments. Il faudrait trois paires d’oreilles pour tout apprécier. La voix chaleureuse est soulignée par un gros riff et des martèlements rythmiques secs. Guitares et claviers se partagent l’avant plan avant la reprise du couplet. Blood Alliance s’avère un condensé de tous les bons ingrédients qu’on a déjà découverts sur les autres titres, et représente neuf minutes de bonheur et c’est ainsi en toute logique qu’elle donne son nom à l’album. Les soli sont toujours aussi clairs et passionnants, jouant la lisibilité plutôt que les déferlements, non sans s’autoriser de sérieuses montées d’adrénaline. Une grosse claque s’ensuit, le groupe puissant encore dans sa réserve d’énergie positive pour terminer en apothéose.

Après un tel déluge, on aurait pu s’attendre à une sérieuse accalmie, mais non, on retrouve un titre bien carré. Les claviers sont toujours autant mis en évidence dans City Of Lies mais sans jamais faire disparaître les guitares qui à nouveau se déchaînent dans la voie royale qui leur est ouverte pour les soli. Ainsi, à nouveau, malgré une ambiance assez commerciale, le titre captive sans peine et conserve l’intérêt de l’auditeur. La fin nous offre même des craquements de 33 tours, comme à la glorieuse époque du vinyle.

L’album s’achève sur un Time To Burn qui déboule à toute allure, guitares royales, batterie et basse déferlantes, voix majestueuse. Un titre qui confirme tout le bien qu’on pense des dix plages précédentes. Jeu set et match, « et à la fin de l’envoi, je touche ». Du grand art.

Soyons honnêtes, au rayon des groupes POWER ‘machin chose’, nos six britanniques ne sont pas les seuls à briguer une place au soleil ; mais avec cet album, assurément, ils se trouvent sur la bonne voie. L’équilibre entre les guitares et les claviers tient de l’orfèvrerie tant chaque instrument s’avère à sa juste place. Les influences se sentent parfois un peu fort, mais que cela ne vous empêche pas de déguster sans modération.

Mr Spok