The Poodles - No Quarter
Frontiers Records

Les The Poodles nous viennent de Suède, ils sortent leur première galette de rock vitaminé METAL WILL STAND TALL en 2006. Ils écument les scènes de leur beau pays ainsi que les salles européennes en ouverture de HAMMERFALL et KROKUS. L’album suivant SWEET TRADE leur permet d’étendre leur zone d’influence à la Russie et au Japon. En 2008, ils se lancent dans leur propre tournée européenne en tête d’affiche. La même année, le guitariste Pontus Norgren cède la place à Henrik Bergqvist. Le groupe part alors enregistrer son troisième album CLASH OF THE ELEMENTS. Pour marquer le coup, et aussi pour célébrer un nouveau contrat, le groupe sort un CD et DVD capté en public. Voici le compte rendu de la partie CD.

C’est avec un Too Much Of Everything que le groupe ouvre les hostilités. Après l’introduction destinée à laisser le public s’égosiller, le quatuor se lance dans le vif du sujet tendance cabaret. Pendant le premier couplet, le piano se paie la part du lion, accompagné par la voix royale de Jakob Samuel. Religieusement, le public écoute. Au deuxième couplet, les autres instruments donnent également de la voix, l’énergie monte de plus en plus tant et si bien qu’on a l’impression d’avoir changé d’univers en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le groupe enchaîne alors sans répit avec Caroline, optant pour un rock musclé à la rythmique bien carrée, le duo basse-batterie, respectivement Pontus Egberg et Christian Lundqvist se laisser aller dans la construction d’un mur indestructible. Quelques notes de clavier ressortent de-ci, de-là pour laisser la place au pont qui introduit un très court solo du gratteux Henrik Bergqvist.

Le chanteur s’adresse au public dans sa langue maternelle et tout ce qu’on comprend, c’est le titre de la plage qui suit Seven Seas. La voix prend des intonations Deflepardiennes, sans négliger quelques accents halfordiens aux entournures. Et toujours ce mur de rythmique, avec une guitare qui riffe joyeusement et qui se déchaîne royalement lors du solo. Après deux titres, les doigts sont chauds et ça s’entend. Un petit pont lancé par la basse, le chanteur s’adresse au public pour le faire chanter et des milliers de voix (à une ou deux près, mon calcul est pas précis, précis, hein) de répondre sans trop se faire prier. En trois plages, on sent que le groupe a pris son envol. D’ailleurs le démarrage de Metal Will Stand Tall le confirme aisément. Une guitare agressive contrebalancée par des chœurs assez commerciaux, et des roulements de batteries qui semblent ne jamais s’arrêter. A nouveau les quatre musicos poussent sur l’accélérateur et font participer les fans. Les plus douillets parmi le public doivent déjà être sur les rotules en train de crier « grâce » et de tenter vainement de reprendre leur souffle. Jeu, set et match.

Un faux démarrage en douceur lance Like No Tomorrow qui s’avère un mid-tempo bien énergique, malgré son allure commerciale, il contient suffisamment de vitamines pour requinquer un octogénaire fan d’Elvis. La bande enchaîne avec One Out Of Ten. L’introduction acoustique permet au chant de sortir toutes ses qualités, tandis que l’ambiance générale du titre offre un moment de répit au public, combinant l’électricité et le son clair. Le groupe profite des refrains pour donner un surplus énergétique au morceau. Du mid-tempo on passe au slow tempéré avec une gratte solitaire, mais 100% branchée, et mélancolique du Lullaby For Jimmy. Au bout d’un moment, en arrière plan, basse batterie offrent une rampe discrète mais franchement efficace sur laquelle la six-cordes va s’élancer pour un solo du meilleur aloi.

C’est alors que les instruments se taisent pour laisser les fûts faire parler la poudre. Et un solo de batterie où le cogneur invite le public, qui ne se fait pas prier, à participer. Et la foule de scander joyeusement des « wo ho ho ho ». Passe ce double exercice de la performance, quasi, solitaire, une sonorité électronique ouvre le bal de Echoes From The Past pour rapidement laisser la place à un riff carré et bien lourd. Un chant qui varie, une ambiance par moment participative (mais on peut aussi dire commerciale). La recette est connue mais s’avère du plus bel effet.

Que penser d’un titre qui est aussi celui d’un James Bond avec Sean Connery ? Ben qu’on ne peut pas être déçu. Comme un bon film, la sauce monte doucement après une introduction assez conventionnelle, mais pas gonflante, et alors qu’on rentre dans le vif du récit, la guitare se fait plus incisive. Un petit pont pour inspirer avant le solo qui annonce le sprint final encore plus énergique. En clair, Thunderball tient ses promesses.

Et le groupe enchaîne alors avec un très explicite I Rule The Night. La voix fait des merveilles, la guitare intervient dans différents registres (la note qui tue et le riff qui déchire), tandis que la section rythmique soutient l’ensemble avec une discrétion qui rime avec efficacité. Un court solo emballant et le titre s’achève sur un refrain qui rentre dans la tête. Avec Night Of Passion, la guitare s’offre la part du lion avec par un riff énergique et une mise à l’avant-plan au même niveau que le chant. Les instruments et le chant s’effacent alors pour laisser la place au public pour un court instant avant de reprendre de plus belle. La plage se termine dans un déluge de décibels. Le public peut souffler un peu avant que les musiciens ne resservent le couvert avec un détonnant Flesh & Blood. Le groupe termine par le punkisant Line Of Fire qui a un côté brut de chez brut rudimentaire assez typique du punk, pour peu, on croirait qu’ils ont pris des leçons chez les SEX PISTOLS, seul le refrain vient contrebalancer cette impression étrange, pas désagréable, mais assez surprenante quand même.

Que tous les dialogues se fassent dans la langue natale des musiciens ravira sans doute leurs compatriotes, mais laissera leurs fans de par le monde un peu dépités de ne pas saisir toutes les subtilités de leurs messages. D’ailleurs, comment dit-on « fuck », « fuckin’ » et « fucked » en suédois ?? Passé ce détail, cet album ‘live’ donne une idée assez correcte de la jouissance qu’on peut ressentir à la vision d’un concert du groupe. Dans le genre, efficace, propre, net et sans bavure.

Mr Spok

7.5/10