Jaldaboath - The Rise Of The Heraldic Beasts
Napalm Records

Oyé, oyé braves gens, venez écouter la réjouissante complainte de JALDOBOAT, un trio de Britanniques qui s’en va par champs et par monts. Il était une fois le Grand Master Jaldaboath, troubadour réputé qui cherchait en vain des joyeux comparses pour mener à bien son illustre projet d’égayer les longues soirées d’hiver. Malgré les nombreuses cordes à son Luth (et à son arc), point n’arrivait-il à trouver d’autres artistes désireux de l’accompagner dans ses chevauchées Métalliques. Cependant pour combler l’infortune de la solitude qui l’accablait telle les dix plaies d’Egypte, les cieux de fer lui furent propices, et son chemin croisa celui du marteleur de fûts Sir Bodrick. Déjà notre fidèle chevalier se sentait mois seul, la sauvegarde de son âme de rocker n’était point loin. Et la bonne fortune de se poursuivre puisque, tel Robin des bois, il croisa son frère Tuc en la personne du Mad Monk. Cet artisan de la quatre cordes n’hésita point un seul instant et à l’image du fidèle Sancho de Don Quichotte, emboîta les pas de Sir Jaldaboath et Bodrick. Ainsi, en l’an de grâce 2008, nos joyeux ménestrels nous offrirent une mini galette royale avec HARK THE HERALD qui fit un effet du meilleur aloi sur les amateurs de joyeusetés étranges. Et c’est deux ans plus tard que THE RISE OF THE HERALDIC BEAST vit le jour.

Hymne à boire en guise de mise en appétit. Le chant de Hark The Herald mise sur des sons de fifres et autres instruments à vents, soutenus par des riffs directs et de joyeux roulements de tambours. La voix fleure bon l’auberge d’entrée du village, les chœurs sentent le jus de houblon. Jusqu’au break, où l’électricité fait une entrée plus que triomphale dans le titre. Quelle belle ouverture que voilà.

Faisons ripaille et levons nos verres, joyeux compagnons, voici le chant de joie des Héraults : Calling On All Heraldic Beasts. « Hail, hail, hail » difficile de tenir en place face à un tel enthousiasme. La mélodie folk rejoint la musique classique dans sa structure, se mélange avec le chant à boire, et les riffs. Les troubadours nous laissent un temps pour remplir nos verres, s’en servent un avant de lentement se remettre à leurs instruments et c’est reparti pour un tour.

Les joyeux drilles de s’en prendre à l’homme de religion. La basse du Mad Monk prend la préséance et la voix du Grand Master Jaldaboath nous enseigne que l’homme d’Eglise est une femme de petite vertu (‘The bishop is a cunt’). La stupéfaction de voir ainsi les turpides du représentant du Seigneur ainsi étalées en plein jour, réjouit la populace dont nous faisons partie. Et tout au long du titre, nous nous gaussons de sa personne aux sons de la batterie, des guitares et des flûtes. Dansons, dansons, moquons nous de sa triste face et réjouissons nous de voir ce haut personnage tomber de son piédestal. Iconoclaste et jouissif que ce Bash The Bishop.

Ambiance un peu plus Death Metal avec le chant sur Seek The Grail. Pour le reste, nous nageons en plein dessin animé et retombons joyeusement en enfance. Nul doute que la sainte mission qui nous a été confiée est une réussite en quantité de décibels, de roulement de batteries, de basse vrombissante et de guitares hurlantes. Quant à ramener le Saint Graal, passons donc à autre chose. Et allons prier avec les bonnes nonnes, puisque nous nous en remettons à leurs bons offices et conseils et louons leurs actions : Axe Wielding Nuns. Voix féminines, claviers, batteries, guitares, ces braves sœurs ont tout pour séduire, si j’ose ainsi m’exprimer.

C’est toujours dans une atmosphère de profond recueillement que nous rendons grâce au Seigneur Jaldaboath. Cet hommage à notre guide éclairé cède la place à une dansante ritournelle. La basse accompagne les hennissements de nos fidèles destriers ainsi que la voix du grand maître. La guitare se joint au piano pour une mélopée entraînante que ne renieraient pas les Canadiens de MEN WITHOUT HATS sur leur titre Safety Dance.

Douce complainte bientôt transformée en charge héroïque avec voix caverneuses pour Bring Me The Head Of Metatron. Nul doute que cette chanson de geste nous conte les exploits de preux chevaliers en lutte contre les forces du mal. Après une respiration salutaire, le chant devient plus compréhensible mais retombe bientôt dans ses déferlements gutturaux sur les trompettes de la victoire contre l’ennemi. Les instruments à vent ne délaissent pas pour autant ni la batterie, ni la basse et encore moins les riffs héroïques de la six-cordes.

Ambiance résolument folk moyenâgeuse pour cette évocation du grand maître des Templiers que fut Jacques de Molay. Les claviers donnent une touche résolument new-wave au morceau tandis que les instruments folks ouvrent la brèche sonore où les instruments électriques vont venir s’engouffrer pour conduire le titre dans d’autres contrées plus Metalliques. Partons ensuite en pèlerinage pour soulager nos âmes pécheresses avec March To Calvary. Le tempo lancinant du morceau correspond à de l’auto flagellation, peine heureusement entrecoupée de moments de joie, comme une douce mort par crucifixion (Calvary est un autre nom pour le mont Golgotha).

Un gros riff bien lourd vous ouvrira l’énigme du Da Vinci’s Code. Au travers des méandres des interventions de clavier, le chant vous débitera les révélations cachées entre deux gros riffs de guitares bien lourdes. D’ailleurs, ce n’est pas parce que les guitares sont Lourdes qu’il faut s’attendre à un miracle. Le titre se termine sur une basse royale et une cloche qui signe l’épitaphe de cet étrange voyage.

Difficile de rester de marbre face à un tel déferlement de délires agrémenté de pans de cultures historiques. Par les rythmiques et l’ambiance générale, le groupe fait également penser au groupe de punk britannique né dans les années ’70 TEMPOLE TUDOR (dont le hit Sword Of A Thousand Men fut repris d’ailleurs par SKYKLAD). Si vous cherchez une version Heavy Metal des Monty Pythons, ceci est pour vous. Si vous aimez le folk et la joie qui s’en dégage voici quarante minutes de bonheur.

JALDABOATH représente une version encore plus folle d’un ALESTORM et arrive à joindre le rire à l’agréable, les zygomatiques au Metal, non sans faire appel par-ci par-là à une sérieuse culture générale. Sachez quand même qu’une compréhension poussée de l’idoine de Sir William Shakespeare vous aidera à goûter les moindres grains de sel des nombreuses plaisanteries ci-présentes sur la galette royale de nos joyeux compères. Dans le genre, on n’a pas encore fait mieux, plus, dans le genre, on n’avait pas encore fait. A découvrir, à déguster de toute urgence.

Mr Spok