Alestorm - Back Through Time
Napalm Records

Hissez les voiles, moussaillons !! Les joyeux pirates écossais de ALESTORM sont enfin de retour. S’engouffrant dans une vague métallicopiratesque, déjà abordée par les trop sous-estimés RUNNING WILD, les musiciens rigolos issus d’Ecosse et d’Irlande nous livrent leur troisième album de leur « True Scottish Pirate Metal ». Comprenez une musique qui fait lever les chopes, taper des pieds et chanter en cœur, le tout sans se prendre au sérieux. Le groupe lève les voiles en 2006, quelques membres d’équipage quittent le navire (impossible de savoir s’ils ont été passé par-dessus bord, pendu au grand mat, mort le pistolet à la main et le couteau aux dents dans un abordage, le carnet de bord du capitaine étant muet sur la chose). Aux commandes de ce fameux trois mats, on trouve donc Christopher Bowes aux claviers et au chant, Dani Evans à la six cordes, Gareth Murdock à la basse et Peter Alcorn à la batterie.

Leur premier méfait mémorable est commis en 2008 et s’intitule Captain Morgan’s Revenge, suivi de près par Black Sails At Midnight en 2009. Le groupe largue alors les amarres pour quitter le port bienveillant des studios et tenter la grande aventure au large des concerts et festivals infestés de hardrockers et autres métalleux prêts à en découdre. Partout où ils passent les ravages sont assurés, les têtes headbangent à souhait et la bière coule à flots. Le groupe nous revient donc après une petite escale d’écriture avec ce Back Through Time qui va de nouveau enchanter les amateurs de « bibine Metal ».

Pas de doutes, le groupe a le vent dans les voiles, c’est un solide beaufort qui pousse la plage titulaire vers les rivages metalliques. Hurlements d’abordage, tonnerres de canons, roulement de batterie, claviers majestueux, guitares royales, voix bien agressive, pas de doute, ils sont de retour et n’ont pas du boire de l’eau de mer. La formule reste inchangée, mais ça marche toujours autant, les guibolles se détendent et les cheveux se secouent. Le refrain invite à la fête. Un petit break duo clavier sonorité accordéon et guitare, puis un riff carré reprend le devant de la scène avant le couplet suivant. Un deuxième refrain pour introduire le solo de guitare assez magnifique, puis c’est un gros déferlement bien lourd qui nous prépare au dernier couplet et au refrain final.

Une guitare bien agressive ouvre les hostilités de Shipwrecked pour se voir rejoindre bien rapidement par une gigue irlandaise du meilleur aloi. La voix de Christophe Bowes fait toujours vieux loup de mer aux cordes vocales usées par vents et marées, (et culs secs de rhum). Encore un tour de gigue avant que le couplet et le chant ne reprennent le dessus. Le refrain quant à lui permettrait de faire courir le marathon à un vieux loup de mer borgne avec une jambe de bois. Le synthé reprend alors la mélodie uniquement accompagnée de la basse avant que les autres instruments ne rejoignent la sarabande infernale pour un final bien classique couplet refrain.

C’est à nouveau une sonorité bien folk qui ouvre les hostilités de The Sunk’n Norwegian. La voix et les claviers se répondent, soutenus par une rythmique guitare – basse – batterie jusqu’au refrain et aux chœurs qui invitent à la fête, ohé oh, hissez ho. Un petit break du meilleur effet (comprenez « bien costaud ») avant le début du deuxième couplet et du refrain qui ne manque pas de suivre. Alors oui, on pourrait reprocher au quatuor une utilisation très répétitive d’un canevas bien établi. Mais l’ensemble est toujours captivant. Un solo bien trop court à mon sens, suivi cependant d’un judicieux break basse guitare avant la reprise du refrain jusqu’au final.

Riff folk en diable pour introduire Midget Saw. Puis tous les instruments se mettent en place avant que ne retentisse le chant. Le refrain invite encore à la chansonnette. Passe cette première phase, petit break de batterie introduit le deuxième couplet. Le solo qui suit le break est fabuleux, on aurait apprécié qu’il s’éternise un peu plus. Le dernier refrain laisse alors la place à une lente descente et le morceau s’achève. Court mais efficace.

Gros riffs et grosse batterie, on se croirait face à un groupe de Thrash. Mais passé l’intro on retrouve les sonorités habituelles du quatuor. La basse, la ligne de guitare et la voix font penser à une musique de dessin animé. Avant que ne retentisse le refrain qui répète allègrement Buckfast Powersmash sur un fond thrashy en diable. Puis c’est le retour à la cartoon atmosphère du couplet avant que ne retentisse le deuxième refrain toujours aussi allumé. Un titre qui tient plus de la grosse plaisanterie qu’autre chose, mais ça fonctionne magnifiquement. En live, c’est le pogo généralisé assuré.

Début un rien mélancolique pour Scrapping The Barrel. Le tempo s’est ralenti mais l’énergie est toujours de la fête, l’ambiance est plus lourde, mais pas démoralisante, vu qu’on y parle d’un baril de bière. Bref, une chanson à boire à laquelle ce mid-tempo sied magnifiquement Le refrain joue magistralement du mariage voix guitare et claviers. La voix de vieux loup de mer de Christopher Bowes fait merveille dans cette ambiance de taverne. Poursuivant dans cette lignée de « bibine Metal », les quatre lascars se jettent sur Rum qui ne parle pas de lait de vache, vous vous en doutez bien. Un riff bien électrique en introduction, basse, batterie et clavier rejoignent la sarabande et la fête continue. Le refrain simplifié au maximum « rum, rum, rum » invite à lever son verre pour un cul sec mortel. Pas besoin de solo, un petit interlude avant que ne retentisse le refrain jusqu’à ce que tout le monde ait fini son divin breuvage. « Sille Mabords, Hips, à bas l’ordage, yousammons ».

Larguons les amarres encore une fois pour Swachbuckled. Le metal folk fait merveille, difficile de rester de marbre devant un tel riff. Dani Evans nous livre un petit solo bien sympathique avant que le refrain ne retentisse à nouveau jusqu’à un final bien net. Toujours motivé à nous offrir des titres bien difficile à placer dans la conversation courante, les joyeux pirates métallo-folkoriques nous assènent un Rumpelkombo qui dure royalement six secondes, le temps de savourer le gag.

Lorgnant résolument vers le côté rock folk bibine, Barrett’s Privater fait penser aux anglais de TEMPOLE TUDOR, combo qui officiait dans un registre punk folk rock qui a aussi survécu de longues années. Mise en exergue, les voix qui répondent au chant principal, constituent l’ossature du morceau. Il s’agit clairement d’une chanson à boire. Mais le rayon Metal, même s’il est secondaire, resurgit lors du solo de guitare particulièrement inspiré, et comme le groupe n’est pas avare de ses qualités, un second solo vient rincer les pavillons de ceux qui se rincent le gossier. Une bonne chanson pour introduire la pièce de résistance de l’album Death Throes Of The Terrorsquid. Profitant d’une durée assez inhabituelle, le groupe multiplie les ambiances au sein d’un seul titre. Bien évidemment, le côte folk metal reste proéminent mais quelques accélérations du meilleur effet ainsi que certains morceaux plus symphoniques élargissent l’horizon de ALESTORM qui se paie même le luxe de lorgner vers le black metal, renouvelant l’attention du Metalleux à chaque instant. Et l’album se termine donc ainsi sur une plage extraordinaire où on ne l’attendait pas vraiment.

Ceux qui s’offriront l’édition limitée pourront bénéficier d’autres chansons désaltérantes telles I Am A Cider Drinker magnifiquement réussi. Difficile de rester de marbre face à un tel déferlement d’humour et de riffs. Inventive, frappadingue et bien foutue, on en redemande. Et le groupe de nous offrir un très parlant et chantant You Are A Pirate. Grosse déconnade au menu.

Les esprits chagrins se plaindront de la durée relativement réduite du disque. Mais mieux vaut un condensé bien distillé qu’une galette qui s’éternise en lenteurs alambiquées monotones tout justes bonnes pour vous faire roupiller. Pas de risque d’overdose ou de coma éthylique.

Bref, pour ce troisième album, le groupe se contente de reprendre des recettes qui font merveille. Mis à part l’exception que représente une perle telle Death Throes Of The Terrorsquid, on ne peut donc pas vraiment parler d’évolution, mais au moins, la satisfaction qu’on ressentait à l’écoute des deux premiers opus est toujours de la partie. Reste à voir si le groupe arrivera à convaincre d’autres Metalleux de monter à bord et d’embarquer pour l’expédition. Le quatuor a donc le vent en poupe, mais attention à l’anticyclone qui pourrait tomber et le laisser sur place. Il a donc tout intérêt à poursuivre dans une lignée plus diversifiée tellement bien mise en évidence sur le dernier morceau. Mais ça c’est pour le futur, dans l’immédiat, savourez milles sabords, c’est du tout bon.

Mr Spok